WASHINGTON (Etats-Unis) – 24/06/2009 – 3B Conseils – Selon une très intéressante bien que très pessimiste analyse parue dans les publications McClatchy Newspapers , l’administration Obama vient de proposer une réduction de 25% du budget de recherche et développement pour l’un des projets les plus prometteurs d’exploitation des vagues et courants dans le Nord-Ouest des Etats-Unis, à Pudget Sound exactement. Simultanément, la Maison-Blanche demandait une augmentation de 82 % en direction du financement de la recherche dans le domaine de l’énergie solaire, une augmentation de 36 % dans le domaine de l’énergie éolienne et une augmentation de 14% dans le domaine de la géothermie. Si bien que concrètement le budget de financement des énergies marines a été ramené, comme je l’ai déjà annoncé sur ce blog, de $40 millions à $30 millions de dollars. Des experts américains font remarquer que cette décision de réduction aurait été prise quelques semaines seulement après que le Département de l’Intérieur (DOI) ait suggéré que l’énergie des vagues pourrait devenir la principale source d’énergie en mer dans le Nord-Ouest des Etats-Unis et au moment où les efforts visant à développer l’énergie des courants à Puget Sound commençaient à attirer l’attention nationale et internationale. On se souvient en effet que, selon certaines estimations du DOI, l’énergie des vagues et des courants pourrait éventuellement répondre à 10 % des besoins du pays en électricité, soit environ le même pourcentage que celui fourni actuellement par l’énergie hydroélectrique dans son ensemble aux Etats-Unis. On se souvient que ces mêmes experts avaient estimé que si seulement 0,2% de l’énergie des vagues contenue dans les océans de la planète pouvaient être exploités, cela pourrait suffire à fournir en électricité… la planète entière. Bien qu’il faille se méfier de ce genre de comparatif chiffré à la louche, après que de tels chiffres aient été lâchés sous les yeux des sénateurs, la réduction budgétaire proposée par l’administration Obama au Congrès ne pouvait donc que soulever des réactions et cela bien au-delà des incessantes querelles internes entre DOI (Department of Interior) et DOE (Department of Energy).
Ainsi le sénateur Patty Murray, de l’Etat de Washington) qui n’a pas caché sa déception a déclaré : » L’énergie des courants marins et des vagues est une des plus prometteuses pour aider l’Amérique à répondre à ses besoins énergétiques à long terme et l’État de Washington a pris la tête de son développement. Il serait grand temps pour le Département de l’énergie de mettre l’accent sur ce potentiel plutôt que de s’amuser à des jeux de cache-cache budgétaire qui n’aideront en rien à accomplir la tâche « . Non content de cette charge, le sénateur a aussi fait remarquer que sur les $16,8 milliards adoptés dans la loi pour stimuler les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, pas le moindre centime n’avait été affecté aux énergies renouvelables de la mer. Piqué au vif, Tom Welch, porte-parole du Département de l’Energie, a immédiatement répliqué que l’administration Obama avait demandé pour le développement des énergies renouvelables marines un budget 10 fois supérieur à celui demandé en son temps par l’administration Bush. Et effectivement, au-delà de toute querelle politicienne, il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer que la tendance est plutôt à la hausse dans ce domaine sous l’ère Obama ! Les répartitions budgétaires ont été expliquées par le porte-parole Welch de la façon suivante : » Le DOE tient à collaborer avec l’industrie ainsi qu’avec toutes les parties prenantes pour développer tout le potentiel des ressources énergétiques fournies par l’eau en général et pas seulement par l’eau de mer, comprenant dans le lot les centrales hydroélectriques « . Cette administration en cela ne fait que tenir la ligne adoptée dès l’élection du président et que j’exposais sur ce blog même dès la fin de l’année 2008, en expliquant quels seraient les effets de la nouvelle terminologie « énergies hydrocynétiques » souhaitée par le DOE pour qualifier à la fois les énergies marines et les énergies hydrauliques. Hydrocynétiques ou marines, il n’en reste pas moins que la Marine (US Navy), sous la pression du Congrès, produira 25% de son électricité à partir de sources renouvelables marines d’ici à 2025 et prévoit d’installer dans ce but un démonstrateur d’énergie des courants à Puget Sound (nous y revoilà!) près de Port Townsend (Washington) dès l’an prochain. De son côté, le service public Snohomish UGD devrait se doter d’un parc-pilote utilisant trois générateurs d’énergie des courants installés dès 2011 sur un fond de Puget Sound en dehors des chenaux de navigation. Ce parc pilote produira 1MG d’électricité d’origine marine soit assez d’énergie pour alimenter environ 700 foyers. Si l’expérience se déroule bien, un projet visant à alimenter 10.000 foyers est déjà envisagé. On voit donc que, bien que contradictoires, toutes ces données ne permettent pas de dégager la conclusion que l’administration Obama se désintéresse des énergies renouvelables marines. Tout au plus peut-on penser que cette administration n’est pas aussi enthousiaste que l’on aurait pu s’y attendre !
Mais cela va peut-être changer sous peu. Selon une analyse de la situation faite par Carolyn Elefant sur son célèbre blog (récemment remanié), tout dans cette affaire est entre les mains du Département de l’énergie (DOE) et de son ministre Steven Chu. Lui seul, selon Carolyn Elefant, détient le pouvoir de déterminer quelles technologies renouvelables doivent recevoir une injection de stimulation. Elle révèle que dans une interview à paraître demain 25 juin 2009 dans le magazine Rolling Stone (PDF ICI), Chu est présenté comme un « techno-geek », si impressionné par la puissance et la possibilité de toutes les nouvelles technologies que l’on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’il embrasse la cause des énergies renouvelables marines. De façon assez habile, elle constate que Chu et le DOE se sont montrés plutôt timides ces derniers temps en direction des énergies renouvelables marines avec cette annonce de réduction globale de financement des énergies marines, mais d’un autre côté, elle ne comprend pas comment, s’il veut être fidèle à l’image qu’il veut donner dans Rolling Stone, Chu peut éviter de s’enthousiasmer pour les énergies renouvelables marines… encore faut-il qu’il consente se familiariser avec leur potentiel et l’état actuel des technologies.
Au même moment, comme pour tempérer ce geste fâcheux de réduction, on apprenait hier que le Centre de recherche marine de l’Université de Massachusetts Dartmouth (Umass) venait de recevoir $1 million de la part du Ministère de l’Energie (DOE) pour développer précisément… les énergies des vagues et des courants. Cette somme sera allouée à un groupe de chercheurs travaillant au Marine Renewable Energy Centre (MREC) situé dans le Advanced Technology Manufacturing Centre (ATMC) (Centre de Fabrication de Technologie de Pointe) et comprenant des scientifiques venus de diverses universités et institutions incluant l’UMass, le MIT (Massachusetts Institute of Technology), le Woods Hole Oceanographic Institute, l’Université de New Hampshire et l’Université de Rhode Island.
Selon des indiscrétions, cette somme et ces recherches pourraient se concentrer autour du développement d’un projet d’exploitation d’énergie des courants marins autour de la ville d’Edgartown à Martha’s Vineyard (un des lieux de villégiature les plus huppés de la région) sur le Muskeget Channel.
Article : Francis ROUSSEAU
Docs : Sites liés. Photos : 1. Carte de la région de Puget Sound. 2. The US Congress ©DP 3.Steven Chu ©Rolling Stone page
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