France – Bretagne – Mercredi 05/12/2018. Partie 2-2 – Le Conseil de développement du Pays de Brest présidé par Guy Jourden, avait organisé le 22 novembre dernier les « assises citoyennes de la mer et du littoral » à Brest. Cette journée avait été organisée avec le soutien du réseau des conseils de développement bretons.
Pierre Karleskind, vice-président de la Région Bretagne et José-Maria Costa, maire de Viana do Castelo, et chef de la délégation portugaise au comité européen des régions, également président des villes de l’Arc Atlantique, étaient parmi les intervenants.
Pour Guy Jourden, l’une des questions essentielles, reste la méthode à utiliser pour développer l’emploi de l’économie maritime. Une récente étude a montré que la région Bretagne concentrait 62 000 emplois liés à la mer, hors tourisme. « Ces emplois sont répartis en 18 secteurs d’activité : 16 sont présents sur la rade de Brest ! Il faut repérer ce qui peut être développé, afin d’activer les bons leviers ».
« Les énergies marines renouvelables vont se développer. Ça prend du temps, mais les emplois vont venir, notamment sur l’assemblage des fondations d’éoliennes posées qui sera effectué sur le port de Brest pour le parc éolien en mer d’Ailes marines à Saint-Brieuc. La question, est : Quel type d’emplois ?
Photo de gauche à doite Guy Jourden et José-Maria Costa, maire de Viana do Castelo
Mais il y a d’autres secteurs à développer. On peut penser notamment à la pêche, mais aussi transformation du poisson, où aucune formation existe dans le Pays de Brest. On ne va pas attirer des grosses usines, mais on peut imaginer des petites unités de transformation locales, en circuit court, pour lesquelles on pourrait mobiliser des aides du Feamp (Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche)..
Audrey Pitre, une femme dans un monde d’hommes !
Un autre exemple montre aussi l’attractivité des métiers de la mer… La Touline a accompagné en 2017-2018, la reconversion d’Audrey Pitre, ancienne auxiliaire de Puericulture qui a suivi une formation « soudure » à l’UIMM. Elle est employée depuis une semaine dans une entreprise internationale par l’intermédiaire de l’agence d’intérim Manpower.
« Je vais vous conter mon histoire. J’étais Auxiliaire de Puériculture, j’ai également une expérience dans la vente. En 2017, alors en pleine reconversion professionnel au CLPS de Brest suivi en POP (préparation opérationnelle à l’emploi), je me tourne de plus en plus vers les métiers de la mer.
Après une sélection pour intégrer une POEC pêche et mer (Préparation Opérationnel à l’Emploi Collective), j’ ai pu intégrer cette formation avec La TOULINE d’avril à Juillet.
J’ai pu découvrir la dizaine de filières des métiers de la mer, leurs diversités et les caractéristiques des métiers avec à chaque fois un intervenant, une visite sur site.
Mon objectif était de déterminer les perspectives d’évolution de carrières, de repérer et d’accéder à une formation. (VAE, modules professionnels).
La création d’un réseau maritime fut aussi déterminant dans la recherche du stage. A mon grand plaisir, j’ai pu naviguer à bord du voilier « La Recouvrance », pendant deux jours. J’ai découvert la navigation (matelotage, vocabulaire, calcul d’un itinéraire) m’a passionné.
En septembre 2017, après des sélections, j’ai intégré une formation de Titre pro Chaudronnier CQPM Charpentier Coque à l’UIMM de Brest sur 10 mois et deux périodes d’un mois en stage.
A nouveau, grâce au réseau acquis par l’intermédiaire de La Touline, j’ai pu effectué un stage à la Sobec (chantier naval) et un autre à Naval Group (chantier naval) sur Brest. En stage sur le site Naval Group, 3 qualifications de soudure en interne ont pu être validées. Les maîtres mots sont Sécurité, Qualité, Rapidité, Coût.
Un chaudronnier à pour connaissance des techniques de développés, lecture de plan, de débit, de meulage et de positionnement des éléments en acier, formatage d’une pièce et pointer avec différents procédés. Il a aussi des connaissances en tuyauterie. C’est très vaste comme champ de compétences. Et, je veux me spécialiser dans le naval.
C’est un métier qui demande une bonne maîtrise de la vision de l’espace, un métier méthodique, et qui demande surtout être manuel.
Comme disait Christophe Françoise, à la Sobec, une femme mettra plus longtemps à réaliser son travail mais elle ne reviendra pas dessus. Un homme peut être plus rapide mais il reviendra dessus car une erreur sera remarquée.
Au chantier du Guip, où j’ai pu effectué un stage, car, au début de mon stage, je voulais travailler sur les bateaux en bois, un employé me disait qu’une femme dans l’ équipe les rendaient plus « intelligents ».
Des résistances restent néanmoins présente parmi les professionnels tel « un plafond de verre ».
Les employeurs recherchent des chaudronniers bien sûr ! mais déjà expérimentés. Pour être reconnus dans cet environnement il faut avoir fait ces preuves. Un chaudronnier m’a dit qu’il fallait 10 ans pour être un bon chaudronnier.
Après une première expérience en interim sur le chantier Sobec en juillet /août 2018 en tant que Tolier, j’ai été en recherche active de septembre à mi-novembre… et, aujourd’hui, je suis engagée en CDD par l’intermédiaire de mon agence d’intérim..
Mes projets, c’est continuer à acquérir de l’expérience, et ensuite de retrouver le monde du « Naval » ou reprendre une formation dans la navale, peut-être dans le composite.
Propos de Guy Jourden et d’Audrey Pitre, recueillis par la Rédaction energiesdelamer.eu
Points de repère
05/12/2018 – Partie 1 – Les métiers de la Mer, des difficultés à recruter alors que les emplois sont à pourvoir !
25/11/2018 – Le 1er bassin d’emploi maritime de Bretagne est le pays de Brest Une note d’analyse publiée par Adeupa et la CCI Métropole Bretagne Ouest confirme qu’avec plus de 27 000 emplois répartis dans 910 établissements publics et privés, le pays de Brest représente plus de 40 % des emplois maritimes bretons et en fait le premier bassin d’emploi maritime de Bretagne.
09/11/2018 – Pierre Karleskind, vice-président de la Région Bretagne chargé de la mer et des infrastructures portuaires et conseiller affaires maritimes et littoral au cabinet du Président de l’Assemblée Nationale française