France – Mardi 02/10/2018 – energiesdelamer.eu. Pour les énergies renouvelables, «l’épreuve de vérité sera la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)». Jean-Louis Bal, le président du SER n’y est pas allé par quatre chemins, ce matin du 2 octobre, en rappelant la position du Syndicat des énergies renouvelables sur cette PPE dont le gouvernement devrait présenter le « premier jet » à la fin du mois.
Hier, Jean-Louis Bal était à Matignon et il espère avoir convaincu ses interlocuteurs. Mais le président du SER a insisté ce matin lors de sa conférence de presse : « nous attendons des trajectoires pour toutes les filières … et pas seulement des trajectoires, mais des confirmations et des moyens d’atteindre les objectifs fixés par la loi » de transition énergétique pour une croissance verte (LTECV). Des objectifs* qui constituent « la ligne rouge » pour Jean-Louis Bal.
Or la trajectoire actuelle pour l’heure montre que ces objectifs ne sont pas tenus, puisque la part des ENR dans la consommation finale d’énergie atteint 16% à fin 2016. Avec la trajectoire actuelle, l’objectif de 23ù en 2020 ne sera pas tenu non plus.
Néanmoins, le SER est confiant qu’il est possible d’atteindre les objectifs fixés par la loi, voire de les dépasser, notamment en termes de production d’électricité, comme le syndicat du secteur l’a indiqué dans sa contribution au débat public sur le PPE (périodes 2018-2023 et 2023-2028).
Reste que des points de vigilances sont nombreux, et notamment autour des énergies marines. Ainsi, sur l’éolien offshore, Jean-Louis Bal a martelé qu’il « est essentiel que la prochaine PPE apporte de la visibilité pour l’éolien en mer posé, mais également pour l’éolien en mer flottant. » Le SER souhaite vivement que la PPE comporte un « calendrier d’appels d’offres jusqu’en 2024 pour ces deux technologies. »
Le président du SER rappelle en effet « les enjeux industriels considérables » autour de ces technologies. Pour les turbiniers, avec Siemens Gamesa au Havre, et pour Cherbourg et Saint-Nazaire avec GE (alors que le modèle économique de John Flannery, vient de se voir sanctionné et qu’il s’est retrouvé écarté brutalement à peine 15 mois après avoir pris son poste. La France ne sera plus protégée à la fois de l’année 2018 par les accords).
. Et de rappeler que l’usine de GE à Saint-Nazaire a dû passer par le chômage technique après les recours pour les parcs portés par EDF Renewables. Pour les fabricants de pylônes et des sous-stations électriques (Chantiers de l’Atlantique, notamment), sans oublier les navires.
Jean-Louis Bal a également signalé que « ses craintes sur l’offshore posé viennent des discussions avec les différentes administrations concernées ; Bercy estimant notamment que le seul critère qui compte est celui du prix au mégawatt-heure. » Une mauvaise image de l’offshore éolien auprès de Bercy qui provient des premiers appels d’offres lancés. Le SER attend ainsi beaucoup de l’appel d’offre sur Dunkerque basé sur un dialogue compétitif, qui devrait permettre d’atteindre des prix du MWh entre 60 euros (prix plancher) et 80 euros pour « rassurer » Bercy.
En outre, sur le flottant, l’administration veut éviter de rééditer ce qui s’est passé sur l’éolien posé. C’est d’ailleurs pourquoi le SER propose des appels d’offres progressifs en la matière, avec trois fois 250 MW dès 2019, puis deux fois 500 MW en 2021, et enfin 1 000MW en 2023.
Quant aux autres énergies marines, interrogé par energiesdelamer.eu, le président du SER admet que la donne a largement changée cet été à l’aune du retrait de Naval Energies du secteur de l’hydrolien. Néanmoins, il juge que des PME demeurent sur ce secteur (Sabella et HydroQuest, notamment). Mais c’est une filière encore « naissante » et sur la discussion autour de la PPE, le SER ne revendique pas un chiffrage ambitieux, tout en estimant qu’il faut leur maintenir un soutien. Ainsi, à l’horizon 2028, le chiffre pourrait être de 100 MW, essentiellement dans des projets pilotes, et via le programme d’investissement d’avenir (PIA) plutôt que dans le cadre de rétributions.
En résumé, l’optimisme n’est pas de mise pour les énergies marines… Résultat des courses attendu à la fin du printemps 2019 (c’est-à-dire en juin), selon le SER.
*Les objectifs de la loi :
32% d’ENR dans la consommation finale d’énergie à l’horizon 2030
Décliné comme suit :
38% de part d’ENR dans la consommation finale de chaleur
Part actuelle environ 20%
40% de part d’ENR dans la production d’électricité
Part actuelle environ 21% à 22% (en fonction de la production hydraulique)
10% de part d’ENR dans la consommation de gaz
Part actuelle : bientôt 1%
15% de part d’ENR dans la consommation finale de carburant
Part actuelle environ 8,5%
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