Allemagne – Jeudi 21/09/2017 – energiesdelamer.eu. La transition énergétique en Allemagne est-elle en passe de ralentir ? C’est la question que pose Etienne Beeker du département développement durable et numérique dans la Note publiée fin août sous la responsabilité éditoriale du commissaire général de France Stratégie. (Graphique Source France Stratégie)
Plus que trois jours et nous connaîtront les résultats des élections fédérales allemandes. Différentes hypothèses sont émises et surtout une question « La Transition énergétique allemande : (est-ce) la fin des ambitions ?»
Etienne Beeker note que le développement de l’éolien a été spectaculaire, plus régulier, pour atteindre fin 2016 une capacité installée à terre de 45,5 GW et en mer de 4,1 GW, et des productions respectives de 65 TWh et 13 TWh environ, soit 13,2 % de la production d’électricité.
Le secteur pesait 13 milliards d’euros en 2016 et employait 135 000 personnes, principalement dans les Länder du Nord, Basse-Saxe (1) et Schleswig-Holstein. Une « course au guichet » a vu se déposer de nombreux projets avant la date limite du 31 décembre 2016, après laquelle la nouvelle loi adoptée en milieu d’année 2014 prévoit l’abandon du tarif d’achat et un plafond de 2,5 GW par an qui crée de l’incertitude.
La croissance future des ENR repose largement sur celle de l’éolien en mer, (comme le montre l’Appel de Cuxhavener – article du 13/09/2017) avec un objectif à 2020 de 6,5 GW. Les derniers appels d’offre (avril 2017) ont révélé une baisse des coûts d’une ampleur dicilement explicable. Si ces projets se concrétisent, on peut s’attendre à un fort développement car les gisements de vent en mer sont à la fois plus importants et plus réguliers. Une filière industrielle éolienne marine pourrait voir le jour, redynamisant des ports fortement touchés par la crise des chantiers navals, à l’instar de Bremerhaven sur la mer du Nord.
Dans une interview publiée le 20/09/2017, Pierre Lestienne directeur général de Nordsee One GmbH analyse l’impact de l’appel d’offre remporté par Dong Energy et EnBW en avril dernier et l’abandon du tarif garanti ICI.
Energiewende
France Stratégie note que l’Allemagne occupe une position centrale et économiquement dominante en Europe et a engagé en 2011 un tournant radical dans sa politique énergétique avec l’Energiewende.
Celle-ci planifie l’arrêt du nucléaire et des énergies fossiles avec leur remplacement par un mix composé presque exclusivement d’ENR, dans le but d’une décarbonation quasi totale de l’économie en 2050. Six ans après son lancement, cette transition énergétique a amené un développement accéléré des ENR, qui comptent aujourd’hui pour un tiers de la production d’électricité, une indéniable prouesse technique. Mais le but de créer une industrie leader mondial du solaire PV a échoué, aboutissant à la destruction de 100 000 emplois depuis 2013.
Dans le même temps, de nombreux observateurs, y compris issus de milieux proches du gouvernement, reconnaissent que l’Allemagne ne pourra pas tenir les objectifs en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre qu’elle s’est fixés pour 2020, et qu’à long terme l’incertitude reste très forte.
De fait, l’efficacité énergétique s’améliore trop lentement, les transports continuent d’utiliser le pétrole et les centrales électriques de brûler les mêmes quantités de charbon et de lignite. La facture présentée au consommateur est très élevée pour la montée en puissance des ENR déjà accomplie, environ 25 milliards d’euros par an sur une durée de vingt ans.
Les ENR qui se développent aujourd’hui sont encore soutenues financièrement (hors dernière évolution du financement de l’éolien en mer*) et des coûts annexes imprévus, mal quantifiés mais très importants, apparaissent pour la construction de lignes et le maintien de la sécurité du réseau. Mais le plus inquiétant à court terme est peut-être la sécurité d’approvisionnement, car le réseau est aujourd’hui fragilisé par des flux massifs non contrôlables et intermittents d’électrons lorsque le solaire et l’éolien tournent à plein.
L’Energiewende jouit toujours d’un fort soutien populaire et reste pour beaucoup d’Allemands un grand projet de société, même s’ils ne suivent plus avec autant d’attention ces questions énergétiques devenues techniques et très complexes. Les programmes des différents partis semblent indiquer que les dirigeants politiques sont bien conscients des défis auxquels fait face la transition énergétique.
À l’heure où l’attention des électeurs est captée par d’autres sujets, comme l’immigration et la sécurité, Etienne Beeker estime que l’on peut s’attendre à une réduction des ambitions de la politique énergétique allemande après les élections fédérales.
Points de repère
20/09/2017 – Exclusif – interview de Pierre Lestienne, Directeur Général de Nordsee One GmbH sur l’impact de l’appel d’offre remporté par Dong Energy et EnBW. Il suggère que les banques imaginent de produits financiers innovants, car l’absence de tarif garanti nécessite que les opérateurs investissent leur bilan. ICI
18/09/2017 – Note d’Etienne Beeker à télécharger directement depuis le portail energiesdelamer.eu – Publications ICI avec l’aimable autorisation de France Stratégie et sur leur site ICI
13/09/2017 – L’appel de Cuxhavener 2.0 en 11 points en faveur d’une nouvelle expansion des parcs éolien en Mer (25 GW en 2030/30 GW en 2035) en Allemagne .
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