France – 26/10/2021 – energiesdelamer.eu. Concentration d’usages, infrastructures disponibles…les ports réunissent toutes les conditions pour y déployer l’hydrogène. D’autant plus qu’il peut être renouvelable grâce à l’éolien offshore.
« Les ports sont le lieu privilégié pour le changement d’échelle dont a besoin d’hydrogène, et s’inscrivent parfaitement dans la stratégie nationale française consistant à rapprocher lieux de production et de consommation au sein d’un éco-système », affirme Thomas Gaudy. Le groupe de travail qu’il anime au sein de France Hydrogène regroupe une dizaine de port de toutes typologies, des grands ports maritimes pétrochimiques (Le Havre, Dunkerque, Marseille-Fos) aux ports fluviaux (Lyon, Strasbourg) en passant par les ports de pêche (Boulogne) ou de passagers (Calais). Il s’emploie notamment à évaluer le potentiel de consommation et de production qu’ils représentent.
En raison de la concentration dans certaines zones portuaires de sites industriels gros consommateurs d’hydrogène (raffineries, sidérurgie) ou d’ammoniac gris (industrie phytosanitaire) à verdir, les ports pèsent 75% de la part dévolue à l’industrie dans la feuille de route élaborée par France Hydrogène. Laquelle prévoit, selon le niveau d’ambition, de 680.000 à 1.090.000 tonnes d’hydrogène consommées en France en 2050.
Nouveaux usages
Le recours à de l’hydrogène vert pour fabriquer du méthanol permettrait d’en rapatrier la production en France, alors que nous ne produisons aujourd’hui que 6.000 des 600.000 tonnes annuelles que nous consommons.
Aujourd’hui intrant chimique, il pourrait demain servir à fabriquer des carburants pour le maritime ou l’aviation, à partir de CO2 capté. Ou, grâce à sa stabilité à température et pression ambiantes, de vecteur permettant de transporter l’hydrogène depuis des lieux de production d’électricité renouvelable vers des lieux de consommation. Par exemple, du Maroc vers l’Allemagne ou d’Australie vers le Japon.
Enfin, les ports sont souvent situés à proximité de sites sidérurgiques qui pourraient largement décarboner leur production grâce à la technique de la réduction directe du minerai (direct reduction iron, ou DRI), nettement moins émettrice que la technique conventionnelle à partir de coke, qui rend aujourd’hui la sidérurgie responsable de 7% des émissions mondiales.
Pipe in pipe
Côté infrastructures, les ports sont des plaques énergétiques riches en raccordements électriques, pétroliers ou gaziers et produisent de grandes quantités de chaleur fatale (idéale pour l’électrolyse haute température). Autant de facteurs favorables à la production et au transport d’hydrogène.
Les pipelines, dont certains désaffectés suite à la fermeture de raffineries (comme Pétroplus à Petite Couronne), peuvent être adaptés au transport d’hydrogène. Le « pipe in pipe » exige quelques travaux, mais revient trois fois moins cher que la construction d’une infrastructure neuve.
Les besoins en mobilité sont importants aussi. Et pas seulement dans les grands ports maritimes industriels. Tous sont sillonnés par quantité de camions ou d’engins spéciaux – tels que les charriots Gaussin déjà convertis à l’hydrogène – voire du fret ferroviaire, y compris intrasite. Dans les ports de pêche comme Boulogne, les camions-frigorifiques sont les premiers concernés.
Le maritime et le fluvial ne sont pas en reste, aussi bien pour la desserte d’îles ou de champs éoliens à proximité des côtes, que pour des ferries. De Vannes à Toulon, plusieurs projets sont en préparation et dès 2022, la CFT (groupe Sogestran) devrait faire naviguer sur la Seine un premier navire à hydrogène.
Mais un déploiement optimisé exige « le développement de nouvelles logiques partenariales au sein des ports, notamment entre les différents maillons de la chaîne logistique », souligne Thomas Gaudy. Toute aussi critique : l’élaboration de schémas d’avitaillement garantissant aux différents clients la visibilité indispensable sur la disponibilité de l’hydrogène. Sans compter une réglementation adaptée, en particulier en termes de gestion du foncier, en raison des aspects de sécurité.
POINTS DE REPÈRE
27/04/2021 – GH2, développeur de projets d’hydrogène renouvelable, et le Grand Port Maritime de Bordeaux (GPMB) viennent d’annoncer la signature d’un accord afin d’installer le plus grand projet de production et de conversion d’hydrogène renouvelable en Nouvelle Aquitaine.
Port de Bordeaux : Accord pour un projet hydrogène renouvelable avec GH2
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