France – 26/10/2021 – energiesdelamer.eu. Economies d’énergie, électrification généralisée, nucléaire et surtout, renouvelables. Le gestionnaire de réseau propose différentes combinaisons d’ingrédients indispensables pour amener la France à la neutralité carbone en 2050.

Les scénarios RTE « Futurs énergétiques » étaient attendus avec d’autant plus d’impatience depuis le retour en grâce du nouveau nucléaire dans le discours présidentiel. Le gestionnaire de réseau RTE a dévoilé ce 25 octobre le résultat de deux ans de travaux, de concertation auprès de 120 organisations professionnelles (SER), associations (négaWatt, Solagro), institutions (AIE), centres de recherche (ISPL, BRGM), et de recueil de 4000 consultations publiques.

Un pavé de 600 pages, qui détaille six scénarios bâtis sur les mêmes pré-requis : la neutralité carbone en 2050, la sécurité d’approvisionnement et l’équilibre du réseau heure par heure au cours des 30 prochaines années. Et une première pour ce type d’exercice: la prise en compte des effets du changement climatique sur cette période. Avec des impacts en termes de sécheresse, donc d’implantation des centrales nucléaires, de plus longues périodes sans vent, etc.

Au moins 50% de renouvelables dans tous les scénarios

Trois scénarios sur six prévoient de remplacer une partie des capacités nucléaires qui arriveront en fin de vie dans l’intervalle. De 8 à 14 réacteurs de type EPR2 supplémentaires selon les scénarios, complétés par 4 GW de petits réacteurs SMR (small modular reactors) et une prolongation de certains réacteurs existants jusqu’à 60 ans dans le scénario le plus nucléarisé. Mais même dans ce dernier cas, un développement – très – accéléré des énergies renouvelables s’impose, puisque le nucléaire ne représenterait alors que 50% du mix électrique. Un niveau cohérent avec la proposition industrielle maximale de la filière, à savoir une capacité totale de 50 GW en 2050.

Ce qui nécessiterait néanmoins 70 GW de solaire, 40 GW d’éolien terrestre et 22 GW d’éolien en mer. Et plus encore, bien entendu, dans les scénarios contenant moins, voire pas du tout, de nucléaire. Jusqu’à 200 GW de solaire pour le scénario 100% renouvelables. L’éolien joue également un rôle clé dans tous les scénarios, avec une répartition entre terrestre et offshore variable en fonction de l’économie et de l’acceptabilité des différentes technologies, sur une base de 40 GW à terre et 25 GW en mer a minima. A mettre en regard des objectifs que se fixe la filière tricolore, à savoir 50 GW au large des côtes françaises en 2050.

Faibles artificialisation des sols et empreinte carbone

Les scénarios avec plus de nucléaire présentent un coût global du système électrique moins élevé que ceux qui en prévoient moins, voire pas du tout. Non en raison du coût des énergies renouvelables, globalement inférieur à celui du nouveau nucléaire, mais parce qu’une multitude d’énergies intermittentes nécessitera d’adapter les réseaux et de multiplier les moyens de flexibilité, coûteux. Dont, dans le scénario 100% renouvelables, jusqu’à 60 centrales à gaz décarboné (biométhane, gaz de synthèse ou hydrogène).

Selon les scénarios, ce coût pour le système varie de 59 à 80 milliards d’euros par an, à mettre en regard de 45 milliards aujourd’hui. Mais dans le même temps les Français économiseraient les quelque 40 milliards d’importations annuelles d’énergies fossiles.

Ramené au coût du kWh (à distinguer du prix, qui inclut notamment des taxes), cela ne représente qu’une hausse de +15%, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.

D’autres concernent la faible empreinte carbone des renouvelables comme du nucléaire y compris en analyse de cycle de vie tenant compte de toute la chaîne de valeur, et la faible artificialisation des sols que ces deux technologies entraînent.  Autant de conclusions qui battent en brèche une bonne partie des critiques proférées dans une pré-campagne électorale très divisée sur ces sujets.

Remarquons que l’incertitude sur le coût du nouveau nucléaire – y compris celui des SMR, qui n’existent pas encore – est mise sur le même plan que celle sur l’évolution des prix des renouvelables, dont la plupart sont déjà sur une courbe d’expérience synonyme de baisse des prix. Autre hypothèse qui mérite débat : un coût de financement annualisé identique pour toutes les énergies, en l’occurrence 4% (dans une fourchette de 1% à 7%).

Une baisse de la consommation d’au moins 40%

Le scénario de référence repose sur une hausse de 35% de la consommation électrique de 475 à 645 TWh, dont la part bondit de 25% à 55% du mix énergétique. Mais elle s’accompagne surtout d’une baisse de la consommation énergétique annuelle de 1600 à 930 TWh, soit 40%. Une évolution profonde, qu’on peine à s’imaginer. Mais qui selon RTE serait néanmoins rendue possible par les seules mesures d’efficacité énergétique, dont compris l’électrification qui, en tant que telle, améliore les rendements des moteurs automobiles comme des process industriels. Mais il existe un scénario « Sobriété » qui  permettrait d’aller plus loin encore et d’abaisser la consommation annuelle à 555 TWh, grâce à un changement des comportements en matière de logements, de (télé)travail, de déplacements, d’alimentation… Et un autre qui, au contraire, repose sur une ré-industrialisation profonde (avec une part du PIB de 12 à 13%), qui aboutit à 755 TWh. Et pourquoi pas une combinaison des deux, à l’image du scénario négaWatt (qui exclut par ailleurs tout recours au nucléaire) ?

POINTS DE REPÈRE

25/10/2021 – energiesdelamer.eu. Enjeux climatiques, socio-économiques, environnementaux, financiers, mobilisation des territoires et des citoyens, quelles sont les prospectives d’ici 2050 proposées par RTE, pour produire plus d’électricité  … c’est le Jour J pour Xavier Piechaczyk, Président du Directoire de RTE et Thomas Veyrenc, Directeur exécutif en charge du pôle Stratégie, Prospective et Évaluation de RTE qui présenteront le rapport « Futurs énergétiques 2050 : les scénarios de mix de production à l’étude permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon de 2050 » ?

Horizon 2050 par RTE, des scénarii pour des analyses poussées


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