France – 20/10/2021 – energiesdelamer.eu. Concertation, acculturation, planification…pour multiplier par 20 à 30 les capacités attribuées à ce jour, la filière française fait face à plusieurs défis.

Entre 22 et 62 GW d’éolien en mer en 2050. C’est la – large – fourchette établie par RTE dans un rapport d’étape de juin dernier, sur la base de ses différents scénarios permettant d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Le rapport finalisé « Perspective à 2050″ sera présenté le 25 octobre*. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) propose pour sa part, dans un rapport rendu public fin juin, de fixer des objectifs ambitieux lors de la révision de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) en 2023 : 18 gigawatts (GW) en 2035 et 50 GW en 2050. Enfin, l’éolien en mer figure clairement parmi les bénéficiaires du plan d’investissements France 2030 présenté le 12 octobre par Emmanuel Macron.

D’où l’équation posée lors du dernier Colloque national éolien organisé par FEE deux jours plus tard : « 50GW à horizon 2050, défis et opportunités ».

Côté opportunités, on compte évidemment la production massive d’électricité renouvelable, dont une partie susceptible d’être transformée en hydrogène vert, la pérennisation d’une filière industrielle française et la création d’emplois.

Associer les territoires à la prochaine PPE

Côté défis, ils sont forcément de taille, puisqu’il s’agit rien moins que de multiplier de 11 à 33 les capacités déjà attribuées. 2 petits GW à mettre au regard des 6 GW prévus lors du Grenelle de la mer de 2009 à horizon 2020…Et toujours pas le moindre électron d’origine éolienne offshore à se mettre sous la dent. Une situation qui touche à sa fin avec l’entrée en service prévue en 2022 du premier parc français de Saint-Nazaire…10 ans après son attribution à EDF Renouvelables et Enbridge.

Pour les participants à ce débat, les deux prochaines années seront décisives. Elles doivent servir à préparer ce gigantesque changement de braquet. En termes de concertation, Agnès Langevine, Vice présidente de la Région Occitanie, insiste sur la nécessité de co-construire la prochaine PPE (2023-2028) avec les territoires, en ligne avec sa territorialisation inscrite dans la loi Climat & Résilience. Laurent Michel (DGEC) souligne un besoin de planification accru par la croissance attendue des capacités installées. La révision en 2025 des documents stratégiques de façade (DSF) instaurés en 2019 y contribuera. La planification devra également s’appuyer sur de meilleures connaissances environnementales, notamment pour nourrir la concertation. Une demande à laquelle répondent aujourd’hui les GIS mis en place à l’initiative d’Engie pour les parcs de Dieppe-Le Tréport et Yeu-Noirmoutier, demain l’observatoire national de l’éolien en mer annoncé par Jean Castex.

Acculturer les fonctionnaires

Toujours en termes de concertation, Elodie Martinie-Cousty, pilote du réseau océan, mers et littoraux de France Nature Environnement, regrette que les ONG ne soient consultées que sur un seul projet plutôt que sur une macrozone dans sa globalité. Elle affirme que FNE serait prête à planifier beaucoup plus rapidement. Elle déplore aussi que les usagers antérieurs de la mer (extracteurs de granulats, pêcheurs, activités de transport) n’aient pas rempli leurs obligations en matière de reporting environnemental et presse l’administration d’accélérer sur ce dossier, arguant qu’il est impossible de lancer des débats publics sans une bonne connaissance de l’existant.

Thierry Coquil, directeur des Affaires maritimes au Ministère de la Mer, reconnaît un besoin d’acculturation des fonctionnaires, aujourd’hui plus au fait des activités de pêche que de l’éolien en mer. D’autres « détails » restent à régler sur un « terrain de jeu » jusqu’ici globalement très libéral. Notamment, l’harmonisation des pavillons au sein de l’Union européenne. Ou la fiscalité, qui gagnerait à être plus mutualisée. Sans compter le statut des éoliennes flottantes, aujourd’hui assimilées à des navires, avec toute la lourdeur administrative que cela implique.

Trois mois de charge par parc pour l’usine de Gamesa

Les industriels, eux, ont surtout besoin de planification pour se préparer. C’est vrai pour RTE, qui doit prévoir l’investissement nécessaire au développement de ses réseaux aussi bien terrestres que maritimes pour qu’ils puissent absorber cet afflux massif d’électricité. Quand bien même la transformation en mer d’une partie de cette électricité en hydrogène peut limiter ponctuellement ce besoin. « Essentiellement là où existent des débouchés locaux susceptibles d’exploiter une énergie fatale », précise Régis Boigegrain, en charge de l’offshore chez RTE.

Chez Siemens Gamesa, qui construit au Havre une usine de production de pales et d’assemblage de nacelles, « le plus gros projet industriel lié aux énergies renouvelables en France, où l’on embauche actuellement deux personnes par jour », précise Filippo Cimitan, on s’inquiète surtout que l’absence de trajectoire claire ne dissuade les jeunes de s’engager dans cette voie. Alors même que l’entreprise vient d’ouvrir un centre de formation dédié. Le directeur général des renouvelables pour la France s’inquiète également d’un risque de creux industriel, observant qu’un parc de 500 MW à 1 GW ne représente que 3 mois de travail pour l’usine…

POINTS DE REPERE

11/10/2021 – Pour atteindre 50 GW en mer française, Vattenfall attend une vraie planification de l’éolien offshore en France

Vattenfall attend une vraie planification de l’éolien offshore en France

28/09/2021 – * Le rapport finalisé de RTE avec les 6 scénarios envisagés à l’étude pour attendre la neutralité carbone à 2050 sera présenté le 25/10/2050.

RTE finalise son rapport perspective 2050 pour le 25 octobre


Ne copiez pas l’article, copiez le lien, vous protégez ainsi les droits d’auteur de notre équipe rédactionnelle.