Europe – Mercredi 28/04/2021 – energiesdelamer.eu. Et la pêche ? Les eurodéputés se sont déjà exprimés sur l’accord commercial conclu in extremis fin 2020 entre Londres et Bruxelles, mais de nombreuses questions n’ont toujours pas été tranchées et risquent de compliquer les relations avec le Royaume-Uni, selon la chercheuse Elvire Fabry* qui était l’invité de France Info, et la pêche française défendue par Annick Girardin et Clément Beaune est toujours l’objet d’âpres discussions.

Le point final du Brexit ? Le Parlement européen a voté mardi 27 avril sur l’accord commercial de l’UE avec le Royaume-Uni. A l’issue du scrutin, organisé mardi soir, 660 députés ont approuvé le texte, 5 s’y sont opposés et 32 se sont abstenus, sur 697 votants. Les points de tensions entre Londres et Bruxelles restent cependant nombreux. Et le Brexit est loin d’être une affaire réglée, explique à franceinfo Elvire Fabry, spécialiste du Brexit et chercheuse à l’Institut Jacques Delors.

« Quels sujets risquent de devenir des points de blocage ? demande France Info »

« On voit que la pêche est d’ores et déjà un sujet problématique. Le Royaume-Uni, selon les termes de l’accord, devait garantir l’accès à sa zone de pêche exclusive, mais n’a pas encore donné son autorisation aux bateaux européens. Il y a une pression forte sur ce sujet, notamment du côté de la France. Et s’il y a une mauvaise volonté du gouvernement britannique, il est probable que les Européens se montrent peu conciliants sur la question des services financiers qui sont toujours en suspens ». ICI »

Deux ministres en première ligne

Le 22 avril dernier un communiqué commun d’Annick Girardin, ministre de la Mer, et de Clément Beaune, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, rappelait la nécessité d’une action ferme et déterminée de la Commission européenne pour assurer la pleine application de l’accord conclu fin décembre avec le Royaume-Uni, dans le domaine de la pêche. La délivrance complète des licences d’accès aux eaux britanniques, le règlement rapide de questions essentielles comme celle des bases avancées doivent être assurés au plus vite. Nous agirons dans un esprit de solidarité européenne, de coopération avec le Royaume-Uni, mais l’urgence commande une accélération des efforts collectifs. Conformément aux engagements du Président de la République et aux annonces du Premier ministre, le plan de soutien au secteur de la pêche, qui doit être validé rapidement par la Commission européenne, apportera à la filière de la pêche les garanties utiles au maintien de son activité. Le 23 avril, dans une interview à la « Voix du Nord », les mêmes ministres avaient annoncé l’arrivée de nouvelles licences qui doivent permettre aux pêcheurs d’entrer dans la bande des 6-12 milles britannique. La veille les pêcheurs avaient bloqué l’accès de la criée aux Britanniques. En effet, des subtilités apparaissent à la lecture des 1200 pages, publie le quotidien « La Croix »: sur le papier, si Londres a accepté de laisser les flottes européennes pêcher sur cette bande des 6-12 miles, elle la fait débuter non pas depuis la côte mais à partir de bancs situés plus loin en mer, réduisant d’autant la zone de pêche pour les Français. Les pêcheurs doivent également s’équiper de filets au maillage plus gros, qui laissent passer plus de poissons, faute de quoi ils sont repoussés par les autorités britanniques et menacés d’une amende élevée.

Des licences accordées et 21 à venir

Depuis le 1er janvier, pour pénétrer dans les eaux territoriales anglaises – entre 6 et 12 milles marins –, les pêcheurs français doivent obtenir une licence que les autorités britanniques n’accordent qu’avec parcimonie : en milieu de semaine dernière, seuls 22 bateaux l’avaient décrochée sur environ 120 embarcations à Boulogne-sur-Mer. Pour l’obtenir, les professionnels français doivent prouver une pêche côté anglais de 2012 à 2016 grâce à une balise GPS que peu d’entre eux possédaient.

Les 100 millions d’euros confirmés

Vendredi, le secrétaire d’État avait indiqué que la Commission européenne avait accepté que l’État français débloque une enveloppe de € 100 millions pour soutenir la filière pêche. « On aura la possibilité de demander des indemnisations liées aux arrêts temporaires et de l’aide à la compensation de chiffre d’affaires, c’est plutôt intéressant », selon Olivier Leprêtre, président du comité régional des pêches.

Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne-sur-Mer mentionne « 60 % de la pêche artisanale boulonnaise dépend des eaux britanniques. »

« Pour l’heure, ces licences sont seulement en train d’être débloquées selon Frédéric Cuvillier, ancien ministre délégué aux transports, à la mer et à la pêche sous François Hollande. J’appelle l’Europe à hausser le ton et je demande la venue à Boulogne du commissaire européen à la pêche pour qu’il ait une compréhension globale de la filière ». Plus de trois mois après l’accord post-Brexit, les pêcheurs du premier port français sont par ailleurs confrontés à une autre difficulté : l’arrivée de bateaux belges et néerlandais qui s’aventurent davantage dans les eaux françaises. « Pour les autres navires européens aussi, le territoire s’est réduit de moitié », conclut Frédéric Cuvillier.

POINTS DE REPÈRE

  • Elvire Fabry est en charge de la politique commerciale, l’Europe dans la mondialisation et le Brexit à l’institut Jacques Delors.

Côté Bretagne et Occitanie, les régions se mobilisent pour soutenir la filière

Le 23 avril, Loïg Chesnay-Girard a réaffirmé le soutien de la collectivité envers les professionnels de la mer. Celui-ci s’est traduit, entre autres, durant l’année écoulée, par une aide financière (150 000 €) apportée à l’Association bretonne des acheteurs des produits de la pêche (ABAPP) pour préserver le mareyage notamment.

Le 20 avril, la Région Occitane a adopté un plan de 4 M€, le vendredi 16 avril 2021 sous la forme de lancement d’un plan de sauvegarde de la pêche en Occitanie et l’adoption d’un contrat de filière pour la conchyliculture. Les nouveaux quotas de pêche européens prévoient pour les pêcheurs d’Occitanie une perte à partir de cette année, de 7% de leurs jours de pêche chalutière. Pour préserver l’emploi, (700 emplois directs et indirects sont concernés), et l’économie maritime dépendante de ce secteur, dont le chiffre d’affaire annuel est estimé à 87,8 M€, la Région Occitanie a adopté un « Plan de sauvegarde pour la pêche en Occitanie », élaboré conjointement avec l’Etat, et doté, pour la Région, d’une enveloppe globale de 4 M€.


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