Europe – Mardi 23/06/2020 – energiesdelamer.eu. Avec la présentation du Rapport Ocean Strategic Research and Innovation Agenda (SRIA) de l’ETIP (European Technology & Innovation Platform), et dans le cadre de la semaine européenne de l’énergie durable, Ocean Energy Europe (OEE) et l’Irena (l’Agence internationale des renouvelables) ont organisé une conférence en ligne sur les perspectives des énergies marines.
Intitulée « Nouveaux horizons : l’Europe leader du développement des énergies marines dans le monde », la conférence a été l’occasion de rappeler que l’Europe, notamment grâce à des financements publics européens est toujours à la pointe de la montée en puissance des énergies marines. Ce que constate également le rapport de l’ETIP.
Patrick Child, adjoint à la direction Recherche et technologie (DG RTD) de la Commission européenne (CE), a souligné que l’UE entendait bien poursuivre son soutien à ces énergies, dans le cadre du Green Deal, mais aussi dans le cadre du paquet post-Covid-19 présenté le 27 mai dernier par la présidente de la CE, Ursula von den Leyen.
Le représentant de la DG RTD a ainsi souligné l’importance de ce Plan de relance pour l’Europe, avec des propositions budgétaires sur 2021-2027, avec quelque 750 milliards d’euros qui viennent s’ajouter aux 1 000 milliards d’euros du budget.
Pour la recherche et le développement, cela signifie quelque 13 md€ qui vont s’ajouter aux 13 md€ déjà proposés, a indiqué Patrick Child. Et ce dernier d’ajouter que l’Europe continue de mener la barque des énergies renouvelables dans le monde.
« Le Green Deal européen propose une stratégie sur l’éolien offshore, mais les autres énergies marines ont aussi un rôle à jouer, » insiste-t-il. La R&D sera ainsi vitale pour le Green Deal et les programme européens à venir, afin de transformer le système énergétique européen en introduisant des ENR. « Le défi pour les énergies marines est très clair, a-t-il cependant indiqué, il faut parvenir à la viabilité économique, mettre en œuvre des modèles propres et circulaires afin de renforcer l’avantage compétitif européen. » Ce qui implique des projets de démonstration réussis.
De son côté, Roland Roesh, directeur-adjoint de l’Irena a tenu à rappeler que, même s’il n’existe à ce jour que 535 MW installés dans le monde (dont deux usines marémotrices) « le potentiel de déploiement des énergies marines (hors éolien) est énorme, puisqu’il serait, selon l’agence internationale, en termes d’électricité, de trois fois la demande mondiale ».
Le Royaume-Uni tire ces énergies vers le haut, grâce à des sites d’essais mondialement reconnus. Et, si seulement 25 MW sont en service ou en déploiement, le pipeline de projets atteint les 3 GW, dont 2,8 GW en Europe. Mais l’Irena estime que dans 10 ans, ce sont 10 GW qui peuvent être installés. Et le responsable de souligner notamment les potentialité dans les Etats-petites îles (SIDS, en initiales anglaises), avec à la clé « la création d’une véritable économie bleue (…) Pour autant que la LCOE des projets soit réduite », a-t-il cependant lui-aussi ajouté.
Dans son rapport, ETIP signale que pour la seule Europe, 100 GW de capacités pourraient être installés, à l’horizon 2050, répondant à environ 10% de la demande. Une énergie « flexible et prédictible », insiste ETIP, qui permettrait de venir en complément du solaire et de l’éolien, qui devraient dominer le mix européen en 2050. En outre, les énergies marines permettront de lisser les pointes et de venir en soutien des réseaux. Ainsi, d’ici à 2050, le secteur pourrait employer jusqu’à 400 000 personnes, garantissant une transition durable vers une économie décarbonée.
Pour ce faire, il faut financer la R&D et l’Innovation, comme cela a été fait avec les autres énergies renouvelables, tout en sachant que pour certaines technologies, la courbe d’apprentissage sera beaucoup plus courte.
Et ETIP de souligner que le houlomoteur est d’ores et déjà au stade des prototypes à l’échelle 1, l’hydrolien en est au stade de la démonstration, avec de premiers parcs pilotes, tandis que le marémoteur est pleinement opérationnel. Seule l’énergie thermique des mers en est encore au stade de la conception et de l’innovation.
Dans les 4 ou 5 années à venir, le secteur doit aborder plusieurs défis cependant, qu’ETIP liste :
. La conception et la validation des dispositifs d’énergie marine
Démonstration de dispositifs d’énergie marine pour accroître l’expérience en conditions réelles de mer
Démonstration de fermes pilotes pour l’énergie des mers
Amélioration et démonstration des systèmes de prise de force et de contrôle
Application de matériaux innovants provenant d’autres secteurs
Développement de nouveaux dispositifs d’énergie des vagues
Amélioration des pales et du rotor d’hydroliennes
. Fondations, connexions et amarrage
Systèmes avancés d’amarrage et de connexion pour les dispositifs flottants d’énergie marine
Amélioration et démonstration des fondations et les systèmes de connexion pour les dispositifs d’énergie marine posés
. La logistique et les opérations maritimes
Optimisation de la logistique et des opérations maritimes
Instrumentation pour la surveillance des conditions et la maintenance prédictive
. L’intégration dans le système énergétique
Quantifier et démontrer les avantages de l’énergie des mers à l’échelle du réseau
Développer et démontrer l’utilisation quasi-commerciale de l’énergie des mers dans des marchés de niche
. Collecte et analyse des données et outils de modélisation
Observation et modélisation du milieu marin pour optimiser la conception et le fonctionnement des dispositifs d’énergie des mers
Gestion de données ouvertes (open-data) pour l’énergie des mers
. Défis transversaux
Amélioration des impacts environnementaux et socio-économiques de l’énergie des océans
Normalisation et certification
. Un soutien public plus que nécessaire
Comme le souligne le SRIA, selon les données du Centre de recherche Européen (JRC), la technologie hydrolienne a réduit sa LCOE de 40% en 3 ans seulement. Et les actions prônées par ETIP devraient réduire encore cette LCOE pour l’amener vers des critères concurrentiels, autorisant l’atteinte du SET plan européen.
Si les leviers cités sont activables, ETIP constate que le financement de ces énergies marines est pour l’heure quasiment du seul fait des entreprises privées. Or, un financement public est nécessaire pour dé-risquer les investissements et progresser vers des technologies commercialement viables. Et ETIP d’ajouter : « En finançant les actions innovants retenues par le SRIA au niveau national et européen devrait permettre de lever quelque 335 millions d’euros supplémentaires en investissements privés, amenant ainsi le secteur à un niveau proche de ceux requis par les investisseurs privés. »
Et le SRIA de conclure que les instruments financiers, subventions inclues, doivent également être mis en œuvre pour soutenir les projets de démonstration et les projets pré-commerciaux.
C’est également ce que souligne l’Irena, par la voie de son directeur-adjoint, estimant qu’il faut en passer par les tarifs d’achat, comme cela a été fait pour les autres technologie, tels l’éolien ou le solaire.
Points de repère
Un webinaire est prévu le 2 juillet
Ce deuxième webinaire est basé sur la technologie en référence au programme stratégique de recherche et d’innovation (SRIA).
Le webinaire «La fiabilité en tant que facteur critique dans la démonstration des dispositifs d’énergie océanique» aura lieu le 2 juillet à 14 heures BST / 15 heures CEST.
Compte tenu des conditions de mer difficiles dans lesquelles les dispositifs d’énergie océanique doivent fonctionner et survivre, une technologie robuste doit être conçue et validée. Ce webinaire se concentre sur les aspects de fiabilité liés à la démonstration de sous-systèmes critiques d’appareils d’énergie océanique. Le webinaire présentera le sujet prioritaire et les résultats des projets de R&I en cours pour mieux comprendre les aspects pratiques de la fiabilité.
Vous pouvez vous inscrire au webinaire ici.
Le rendez-vous annuel d’Ocean Energy Europe est prévu à Bruxelles les 1er et 2 décembre 2020.
23/06/2020 – Le Rapport est consultable sur le site ETIP Ocean et dans la rubrique Dossiers d’energiesdelamer.eu Ocean Strategic Research and Innovation Agenda (SRIA)
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