France Suède – 02/11/2021 – energiesdelamer.eu. Plus complexe à évaluer que le bilan carbone, l’impact des activités économiques sur la biodioversité intéresse toujours plus d’entreprises. A l’image de l’énergéticien suédois Vattenfall, qui a choisi d’utiliser le Global Biodiversity Score élaboré par CDC Biodiversité.
Bilan carbone, limitation de la hausse de la température à +1,5°C, tonne équivalent carbone (CO2). Pour le climat, les organisations disposent d’une méthodologie, d’un objectif et d’une métrique partagés. « C’est ce qui permet d’engager les entreprises dans une démarche de transition, observe Antoine Cadi, Président et, en charge notamment de la recherche et de l’innovation, de CDC Biodiversité. Il n’y a pas de raison de ne pas le faire pour la biodiversité. D’autant plus qu’à l’inverse du climat, pour lequel l’humanité dispose encore d’un budget carbone maximal à ne pas dépasser, pour la biodiversité la catastrophe est déjà là. » 38% du vivant a déjà disparu, et ce chiffre atteindra 45% en 2050 si on ne change rien.
Le MSA.km2, une métrique largement adoptée
Pour élaborer son outil Global Biodiversity Score (GBS), validé par une revue critique internationale, officiellement lancé en mai 2020 et engagé dans un processus d’amélioration continue, CDC Biodiversité s’est donc attelée à l’identification de modèles faisant le lien entre activité économique et pression et perte de biodiversité. La filiale de la Caisse des dépôts s’est essentiellement inspirée des travaux de recherche du ministère de l’environnement hollandais. « Notamment parce qu’il est adaptable et évolutif », précise Antoine Cadi. Globio analyse l’état de cellules de 50 km de côté, avec un indicateur, le MSA.km2. Ce « mean species average », ou abondance moyenne des espèces, compare l’état d’un territoire avec son état de référence et note l’intégrité écologique d’un écosystème de 0% à 100%. Il est utilisé par les deux-tiers des organisations engagées dans la mesure de leur impact biodiversité. Un club 4B+ constitué dès 2018 a donné lieu à une dizaine de projets pilotes d’utilisation du GBS. Devenu un club d’utilisateurs, il regroupe environ 40 entreprises dont la moitié de multinationales, engagées à l’utiliser à court terme.
Des projets ralentis par des enjeux biodiversité
Parmi elles, l’énergéticien public suédois Vattenfall (partenaire de la CDC dans le 4ème appel d’offres éolien offshore normand), qui a décidé de recourir au GBS pour mesurer son empreinte sur la biodiversité. Non plus par projet ou site comme c’est déjà le cas, mais à l’échelle du groupe dans son ensemble, et sur toute sa chaîne de valeur, à savoir l’équivalent des Scope 1,2 et 3, bien connus des utilisateurs de bilans carbone. Vattenfall, a fait du climat un enjeu essentiel et a récemment révisé ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre pour s’inscrire dans une trajectoire alignée sur l’objectif de 1,5°C conforme à la méthodologie Science Based Targets.
Or, rappelle Helle Herk-Hansen, responsable de la division Environnement du groupe, climat et biodiversité sont étroitement imbriqués. Qui plus est, l’impact biodiversité est très souvent au cœur des freins qui ralentissent la délivrance de permis, notamment pour les énergies renouvelables. D’ailleurs, l’entreprise a également rejoint en 2020 les Science Based Targets for Nature (SBTN).
Concrètement, Vattenfall va passer à la moulinette du GBS toutes ses données (émissions de CO2, consommation de la ressource en eau, production de déchets, etc.) afin de connaître son score. Et, notamment « de mesurer quel est l’impact sur la biodiversité des actions que nous menons déjà en faveur du climat », précise Helle Herk-Hansen. Une meilleure connaissance de ses impacts qui permettra à Vattenfall de se fixer des objectifs précis et de prioriser les actions qui doivent lui permettre d’atteindre une contribution nette positive pour l’environnement d’ici 2030. Une situation déjà atteinte sur certains projets.
Rassembler des données sur la biodiversité marine
L’entreprise va développer en partenariat avec CDC Biodiversité et le cabinet Deloitte une méthodologie dédiée à l’hydroélectricité. En revanche, pour l’heure, il n’existe pas d’outil pour la biodiversité marine qui permettrait d’analyser l’impact des parcs éoliens offshore. Pour y remédier, CDC Biodiversité mise notamment sur les recherches menées par Ifremer sur les grands fonds marins. Peut-être aussi pourra-t-elle exploiter les ressources du futur observatoire de l’éolien en mer récemment annoncé par Jean Castex, ayant vocation à mettre à disposition de tous les synthèses des connaissances scientifiques disponibles sur les effets des parcs éoliens en mer sur la biodiversité et les ressources halieutiques. « Nous pouvons néanmoins analyser une partie des impacts, en terme de pollution liée au béton des fondations, à l’acier utilisé, à l’impact de l’énergie utilisée sur la biodiversité… ». Pour Helle Herk-Hansen, « il existe de nombreuses données récoltées sur leurs nombreux projets. » Et beaucoup de recherche dont les résultats sont accessibles au grand public, y compris sur les sols marins, rassemblées à l’Offshore Wind Deployment Center d’Aberdeen (Ecosse).
On ne serait pas plus étonnés que ça qu’après l’hydroélectricité, Vattenfall contribue avec CDC Biodiversité à l’élaboration d’une méthodologie dédiée à l’éolien offshore.
POINTS DE REPÈRE
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