France – Mercredi 09/09/2020 – energiesdelamer.eu. Journée 2 – Le déploiement commercial proche de l’éolien offshore flottant entraîne de nouveaux besoins terrestres. Les ports sont au cœur de ce mouvement et se disposent à accueillir les futures structures flottantes avant leur ancrage en mer. FOWT 2020 consacrait hier mardi 8 septembre une table ronde internationale à ce sujet. Tour d’horizon.
Si, comme le soutient Wind Europe, l’association européenne de l’éolien, un tiers des capacités en éolien offshore sera constitué de parcs flottants à l’horizon 2050, il faut que les structures terrestres, les ports, soient en mesure d’accueillir ces équipements. C’est ce qu’a indiqué Lizet Ramirez, du lobby de l’éolien, précisant que Wind Europe allait dans le courant du mois publier une étude sur le sujet. Avec à la clé des recommandations, notamment ne pas opposer les sites selon qu’ils accueillent le posé ou le flottant, mettre en place des stratégies à long terme de développement des ports, et enfin engager dès maintenant des discussions avec l’industrie du flottant offshore afin d’être prêt dans les temps.
Des avis partagés par Kate Johannesen, de Xodus Group, consultante britannique qui vient de lancer une étude sur l’éolien flottant offshore et a travaillé sur les ports nécessaires. Comme le rappelle la consultante, avec un objectif pour l’offshore de 40 GW en 2030, le Royaume-Uni a besoin de ports pour accueillir les infrastructures nécessaires à l’assemblage, à la mise en eau, voire à la fabrication des machines et des fondations (posées ou flottantes). Dans le futur round 4 des attributions, 8 GW devraient être proposés et en Ecosse ce sont 10 GW qui seront mis aux enchères. Alors que les premiers parcs pilotes n’ont eu qu’un besoin limité de ports ad hoc; pour de tels volumes, il faut trouver les lieux adéquats, insiste-t-elle. Or, seule une poignée de ports britanniques est aujourd’hui à même d’accueillir de tels volumes. En outre, il faut éviter la dispersion, car si plusieurs ports peuvent contribuer pour un parc, la consultante signale que, selon leurs calculs, 50 km de plus d’éloignement entre le parc et le port augmente de 1% le coût du projet (LCOE). Et à ce jour, elle estime que c’est seulement en Ecosse que risquent d’apparaître les premiers parcs commerciaux flottants, avec des ports qui doivent encore être aménagés et définis. Des solutions peuvent être trouvées pour ouvrir au flottant des ports comme Aberdeen, Dundee ou Edimbourg. Et les ports de Scapa ou Nigg, Lerwick ou Kishorn upon Arnish ou Seaton upon Tyne pourraient être prêts pour 2030, estime la consultante.
Sur ce point la France n’est peut-être pas trop en retard, car les régions Bretagne, Sud, Occitanie, Nouvelle Aquitaine ou Normandie sont prêtes, même si des problèmes de quai peuvent encore subsister momentanément (Ndrl)
Denis Matha, du bureau d’étude/consultant d’origine danoise Ramboll, rappelle de son côté, que l’ensemble des aménagements des ports aura un coût conséquent puisqu’il faut en effet jouer à la fois sur la fabrication sur place des flotteurs, mais aussi prendre en charge la logistique spécifique auxdits flotteurs qui sont imposants, et le seront encore plus avec des machines qui désormais pourront atteindre 14 MW et plus. L’enjeu est bien entendu de parvenir à faire en sorte que ces flotteurs soient en outre fabriqués de manière industrielle.
C’est d’ailleurs ce qu’a expliqué Laurent Schneider Maunoury, président de Naval Energies, «C’est certes un marché existant, pour autant que les fondations flottantes soient fabriquées en série. C’est notre projet. » Il a indiqué qu’il faut pour cela rendre modulaire le design des flotteurs, afin de ne pas avoir à re-designer des équipements en fonction des clients (les développeurs et fabricants de turbines). Il faut donc que ces fondations flottantes soient flexibles et puissent servir dans les différents sites. Naval Energies mise ainsi sur des usines avec trois lignes de montage capables de délivrer des dizaines de flotteurs par an. Ce qui ne peut se faire que sur des « zones dédiées » dans les ports. C’est avec ces contraintes en tête que les fabricants de flotteurs pourront investir les centaines de millions d’euros nécessaires au déploiement de parcs commerciaux, a-t-il insisté. Sans oublier la visibilité nécessaire sur a minima 10 ans, ce que Naval Energies estime avoir aujourd’hui, avec un potentiel d’un millier de GW à déployer dans les 50 ans à venir. Les ports ont donc bien un rôle à jouer, en termes d’espaces à mettre à disposition, mais aussi en termes de logistique, afin qu’ils soient utilisables au moment où les machines seront amenées sur leur site définitif d’ancrage.
Stéphane Reiche, du Grand port maritime de Marseille, a, lui, présenté le déploiement progressif des infrastructures portuaires locales, à l’aune des projets pilotes lancés par l’Ademe sur le flottant. Nous y reviendrons.
Néanmoins, ces projets intègrent tous la possibilité d’un contenu local et d’emplois. Reste à savoir, à l’aune des futurs appels d’offres, comment ce contenu local peut être intégré dans lesdits appels d’offres. C’est ce que notre consultant expert en droit maritime Séverine Michalak, proposera très prochainement.
FOWT en présentiel est terminé, mais continue en online. Aujourd’hui, place à la « recherche », avec Eolfi/Shell, Naval Energies, X1 Wind, les universités de Delft – Technology, Nantes, Ulsan, Plymouth, Centrale Nantes, Principia, DNV GL – Energy, Renewables Certification, Ryder Geotechnical, CLS …
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Crédit photo de Une : ©Région Occitanie – Port Port La Nouvelle.
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MerVeille Energie #3 « L’année des Flotteurs : Des territoires en mouvement » c’est ici.
Pour MerVeille Energie #2, « Energies marines, un océan de Recherche(s) : une industrie et des territoires en action » présente 19 thèses et résumés sur l’éolien en mer. C’est là.
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