France – Vendredi 23/02/2018 – energiesdelamer.eu. L’Autorité environnementale qui avait été saisie pour avis par le Préfet de Vendée en novembre 2017, s’est réunie le 21 février dernier pour le projet de parc éolien en mer des îles d’Yeu et de Noirmoutier.
L’appel d’offres parc éolien en mer Yeu-Noirmoutier avait été attribué le 3 juin 2014. Le projet est porté par la société Éoliennes en Mer Îles d’Yeu et de Noirmoutier qui a pour actionnaires Engie, EDP Renewables et CDC qui a racheté les parts de Neoen Marine en avril 2016 (2). Adwen (Siemens – Gamesa) est son partenaire industriel, en charge de la fabrication des éoliennes.
Le dossier avait été adressé par la société Éoliennes en mer des îles d’Yeu et Noirmoutier (Emyn) et par RTE, maître d’ouvrage du raccordement du parc au réseau électrique par liaison sous-marine et souterraine en novembre 2017.
L’Avis vise à permettre d’améliorer sa conception et la participation du public à l’élaboration des décisions qui portent sur ce projet. Il se situe en amont de la tenue de l’enquête publique qui se déroulera du 4 avril au 23 mai 2018 qui permettra à tout un chacun de consigner ses observations et ses commentaires sur le projet de parc éolien en mer dans un registre d’enquête publique.
Le rapport de Caroll Gardet et de Éric Vindimian se prononce sur la qualité de l’étude d’impact présentée par le maître d’ouvrage, et sur la prise en compte de l’environnement par le projet.
Parmi les nombreuses observations les rapporteurs mentionnent notamment, que l’étude s’est intéressée à 25 sites Natura 2000 au sein ou à proximité de l’aire d’étude éloignée. Elle conclut que les phases de construction et de démantèlement ne sont pas susceptibles d’incidences sur les sites Natura 2000. La raison principale est l’éloignement, notamment pour ce qui concerne les bruits de forage des fondations.
L’étude s’est également penchée sur les impacts cumulés du parc éolien avec le parc éolien de Saint-Nazaire, la conclusion étant libellée comme suit : « les analyses comparatives indiquent des impacts prévisibles nettement plus faibles pour le parc éolien des îles d’Yeu et de Noirmoutier par rapport à celui de Saint-Nazaire ». Pour l’Ae, la question n’est cependant pas de savoir lequel des deux parcs engendre le plus d’incidences environnementales mais quels sont les effets des deux parcs.
L’Ae observe que la compensation des impacts sur la pêche, qui représente 2,7 millions d’euros, est évaluée sur la base de la surface interdite à la pêche pendant les travaux. Ne sont pas prises en compte les conséquences positives sur les populations halieutiques dues à l’effet récif et l’effet réserve.
La séquence « Éviter, réduire, compenser » (ERC) est considérée comme « bien conduite, notamment pour la partie maritime du projet. Les mesures de suivi sont nombreuses et pertinentes, permettant de disposer à terme d’un retour d’expérience sur les impacts résiduels éventuels » estime les rapporteurs.
Les principaux enjeux environnementaux du dossier relevés par l’Ae portent sur
. la production d’électricité dont les émissions de gaz à effet de serre sont limitées,
. l’avifaune et les mammifères marins, en lien avec le risque de collision, les pertes d’habitats, ainsi que les perturbations acoustiques pendant la mise en place en mer des éoliennes,
. le paysage marin,
. les milieux aquatiques, du fait du risque de pollution des sédiments dans le cas où des anodes sacrificielles seraient utilisées.
L’Ae recommande principalement :
. à l’État, de présenter le cahier des charges de l’appel d’offres, les critères d’appréciation des offres ainsi que les raisons pour lesquelles, eu égard aux effets sur l’environnement et la santé humaine, le projet de parc éolien des îles d’Yeu et de Noirmoutier a été retenu ;
. aux pouvoirs publics de s’assurer de l’accessibilité de documents visuels de qualité pendant toute la durée de l’enquête publique ;
. aux maîtres d’ouvrage : de revoir les impacts sur les oiseaux plongeurs dans une logique de précaution ;
. de justifier les choix de valeurs de seuils de sensibilité et de dommage des mammifères marins retenus pour la caractérisation des effets ;
. d’évaluer le nombre de forages qu’il est raisonnablement possible de mener de manière simultanée sans augmenter la gêne occasionnée sur la faune ;
. d’assurer un suivi fin de la Pipistrelle de Nathusius* – chauve souris – lors des périodes migratoires en phase d’exploitation du parc et de prendre, si nécessaire, des mesures de compensation adaptées;
« Dans l’étude, les mesures réalisées sur la côte des deux îles et du continent mettent en évidence la présence d’espèces migratrices au long cours, notamment la Pipistrelle de Nathusius (3), la façade atlantique constituant un de ses axes notoires de migration, mais aussi de la Noctule de Leisler, de la Noctule commune et de la Sérotine commune. Même si les mesures réalisées en mer, sur bateau et bouée, n’ont pas permis de contacter de chauve-souris, le dossier indique que le survol de l’aire d’étude par ces espèces est possible mais réduit ».
. pour la liaison électrique terrestre, de quantifier les impacts sur les haies du marais consécutifs aux travaux et de mettre en place une démarche ERC réaliste ; de quantifier la masse des boues de forage et préciser leur devenir et, dans le cas éventuel d’un rejet dans le milieu naturel, de procéder à l’analyse des impacts et la mise en place d’une démarche ERC.
L’Ae fait par ailleurs d’autres recommandations précisées dans l’avis détaillé que vous pouvez télécharger ICI.
Points de repère
1 – Conseil général de l’environnement et du développement durable
2 – Engie (47 %), EDP Renewables (43 %) et Neoen Marine (10 %).
Adwen (Siemens – Gamesa) est son partenaire industriel, en charge de la fabrication des éoliennes.
3 – Pour en savoir plus sur la Pipistrelle de Nathusius des chauves-souris, lire l’ Etude de la migration en Bretagne entre 2013 et 2016 qui a été publiée en mai 2017 par Thomas LE CAMPION & Thomas DUBOS, chargés de missions Etudes et conservation au Groupe Mammalogique Breton. Vous pouvez la visualiser ici.
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