Davos – Suisse – Jeudi 21/01/2016 – Revue de Presse de Davos – La 4ème Révolution Industrielle sera conduite par les énergies renouvelables. C’est l’estimation faite par des dirigeants de différents secteurs clefs lors de la réunion annuelle du 46ème Forum Economique Mondial fondé par l’ingénieur et économiste Klaus Schwab. « Il faut miser sur le renouvelable dès aujourd’hui pour être à l’heure du business ».

C’est sous ce thème que plus de 2.500 dirigeants d’entreprises, de gouvernements, d’organisations internationales, de la société civile, d’universités, des médias et des arts participent à cet événement. 

Johann Schneider Ammann EDM 21 01 2016Dans son discours d’ouverture du World Economic Forum de Davos, Johann Schneider-Ammann, le président de la Confédération, a plaidé pour un monde qui sache faire cohabiter les contraires. “L’appel lancé par le Forum consiste à gérer la quatrième révolution industrielle. C’est un appel à accepter, et donc à maîtriser, les changements. Certains changements suscitent des peurs, principalement des peurs liées aux progrès technologiques”.

Au cours d’une session intitulée « Transformation de l’Energie », les participants ont partagé l’idée selon laquelle les énergies renouvelables sont vitales pour répondre aux demandes en énergie apportées par la nouvelle révolution.

«En 2015, 50% des nouvelles capacités de production d’énergie dans le monde sont venues du renouvelable»: l’affirmation de Fatih Birol, le président de Fatih Birol EDM 20 01 016l’Agence Internationale de l’Energie n’a pas été une surprise pour les participants du World Economic Forum. Moins de deux mois après la COP21 à Paris, le message semble passé: «Pour atteindre l’objectif fixé à 2°C maximum pour le réchauffement climatique au XXIe siècle, 30% de l’énergie doit venir de sources qui ne rejettent pas de CO2 ».

Investir dans les réseaux et le stockage

Le développement de la production par les énergies renouvelables, nécessite de nouveau moyen de transport, de régulation et de stockage.

I S GalanIgnacio Sanchez Galan, CEO et chairman d’Iberdrola, a rappelé que «dans les années à venir, les besoins mondiaux en énergie vont augmenter de 80%». Pour répondre à cet accroissement majeur de la demande, essentiellement issu des pays en voie de développement, la tentation est grande de s’appuyer sur un pétrole dont les prix sont au plus bas….

Mais ce choix irait à l’encontre du consensus trouvé par tous les participants et tous les états en décembre à Paris, CF EDM 21 01 016comme le rappelle Christiana Figueres, ancienne vice-présidente du bureau de la Convention cadre des Nations-Unies sur le changement climatique, en 2008–09. 

Selon elle, «le succès de la COP21 va dépendre de la façon dont on va s’engager dans les mesures concrètes». Un basculement qui ne pourra pas être opéré de la même manière dans les pays développés et dans les pays en développement. 

«En Europe, en Amérique du Nord, au Japon, le défi majeur est désormais d’intégrer le renouvelable dans les réseaux d’énergie», annonce Fatih Birol. Mais «il faut réformer les marchés européens de l’énergie car il est très difficile d’y investir», recommande le patron de l’AIE. Et comme le rappelle Ignacio Sanchez Galan, «davantage de renouvelable nécessite davantage d’investissements dans le renouvelable et plus d’efficacité également».

Cette efficacité est évidemment à améliorer au niveau technique, mais «la technologie rend déjà aujourd’hui les énergies renouvelables compétitives face aux énergies fossiles si l’on tient compte de l’ensemble des coûts sur le long terme», affirme le CEO d’Iberdrola. Fatih Birol acquiesce et va plus loin: «Le grand danger pour la transition n’est pas l’imprédictabilité des énergies renouvelables au niveau de leur production, mais celle des politiques publiques en la matière».

Face aux marchés occidentaux qu’il faut lancer dans une mutation, il y a les marchés des pays en développement, où de nombreuses infrastructures restent encore à bâtir. «Les pays en développement présentent les plus belles opportunités de business dans l’énergie», assure Christiana Figueres. Entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, la Chine s’est ainsi imposée sur le marché des panneaux solaires photovoltaïques, éliminant progressivement les concurrents européens. «La Chine détient aujourd’hui près de 65% du marché des panneaux solaires photovoltaïques», a souligné Eric Xin Luo, CEO de Shunfeng International Clean Energy. « Le pays a fixé un objectif ambitieux: 25% de toute la production d’énergie doit venir de sources renouvelables », a-t-il rappelé. La Chine est déjà une exportatrice majeure de technologies d’énergie propre. Par exemple, plus de 60% des panneaux solaires de la planète sont fabriqués en Chine.

Hitachi EDM 21 01 016Hiroaki Nakanishi, président de Hitachi, a déclaré que le challenge est passé de « avoir plus d’énergie renouvelable » à « avoir de meilleurs systèmes d’énergie ».

Il existe des problèmes liés à la distribution qui s’expliquent notamment par la distance entre les sites de production des énergies éoliennes et solaires et les centrales de chargement.

« Une approche plus systématique est nécessaire pour intégrer les sources d’énergie dans un réseau intelligent général », a-t-il souligné.

Au cours des 25 prochaines années, la demande en énergie augmentera de plus de 80 % au niveau mondial. D’importants investissements sont nécessaires dans toutes les technologies énergétiques ainsi que dans les réseaux électriques et les systèmes de distribution.

«Transition énergétique et croissance du PIB sont conciliables»

De nombreux pays en développement sont liés aux groupes actifs dans le domaine des énergies fossiles. «Ces sociétés actives dans les énergies fossiles contribuent notamment par les taxes qu’elles versent aux budgets des pays en développement. Et il n’est pas facile pour des dirigeants politiques de les écarter car ce sont leurs fonds qui permettent de financer également l’éducation ou la santé», rappelle Stuart Gulliver, Group Chief Executive de HSBC.

Cependant, «opérer une transition énergétique et accroître le PIB sont deux objectifs conciliables», assure Feike Sijbesma, CEO et chairman de Royal DSM NV, spécialisé dans les produits pharmaceutiques et la nutrition. «Il faut être totalement aveugle pour ne pas voir que nous sommes à un tournant en matière de business vert», assène-t-il. Une affirmation confirmée par Stuart Gulliver qui en veut pour preuve «la demande croissante du côté des banques pour des investissements et des placements verts», analyse faite également par Bertrand Badré, (ICI) directeur financier de la Banque Mondiale lors d’une interview donnée durant la COP21 au portail wp.energiesdelamer.eu – WebTV-You Tube.

Si certains entrepreneurs hésitent encore à se lancer, Stuart Gulliver de HSBC s’appuie sur l’une des notions phares sorties lors de la COP21: «Les partenariats public-privé tels qu’ils ont été présentés à Paris réduiront les risques pour les investisseurs dans le vert». Christiana Figueres abonde en ce sens et souligne que «personne ne peut aujourd’hui affirmer que les prix du pétrole resteront très bas en 2020; il faut miser sur le renouvelable dès aujourd’hui pour être à l’heure du business». Reste un facteur essentiel pour faire du business: la demande. «La prochaine étape pour décider les entrepreneurs à se lancer sera l’attitude des consommateurs: est-ce qu’ils s’engageront dans la démarche COP21? C’est la clef pour demain», conclut Feike Sijbesma.

Points de repère

Lien Finance – Climat

International : Rappel : Michael Bloomberg dirige une initiative visant à gérer les menaces posées par le changement climatique à la stabilité financière

L’émissaire de l’ONU et ancien maire de New York a été nommé le 4/12/2014 en tant que président d’un groupe de travail de l’industrie pour le Conseil de stabilité financière (CSF), en marge de la COP21.

Le Conseil de stabilité financière (FSB) présidé par Marc Carney, gouverneur de la banque d’Angleterre, regroupe les banquiers centraux de pays du G20. Ce groupe de travail est chargé de donner l’orientation des lignes directrices destinées aux différents acteurs économiques, banques, assureurs, investisseurs … relatives à la publication d’informations sur la prise en compte du risque climat.

Le périmètre et les grands objectifs doivent être définis d’ici à mars 2016, tandis que le corpus de lignes directrices doit aboutir pour la fin 2016

Sources : Bilan, Xinhuanet.com, RenewableUK

 


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