IENA – (Allemagne-U.E.) – 05/04/2011- 3B Conseils – Par Francis Rousseau – C’est une communication fort intéressante qu’a publiée The New Scientist dans son édition du 30 mars 2011. Elle concerne la permanence des ressources d’énergies dites « renouvelables » – en particulier celles du vent et des vagues – dont il est de bon ton de dire toujours ici et là, qu’elles sont inépuisables ou infinies. L’affirmation posée par The New Scientist (« Les énergies du vent et des vagues ne sont pas si renouvelables que cela ! ») reprend la théorie d’Axel Kleidon, un scientifique de l’Institut de biogéochimie Max Planck de Iena (Allemagne), élaborée dans « How does the earth system generate and maintain thermodynamic disequilibrium and what does it imply for the future of the planet ? » (Comment le système terrestre génère et maintient un déséquilibre thermodynamique et qu’est ce que cela implique pour l’avenir de la planète ?). Ce travail d’Axel Kleidon est archivé et téléchargeable en PDF sur le site de Cornell University Library.

Pour résumer : Axel Kleidon part d’abord de la constatation que seule une infime quantité de l’énergie du soleil parvient jusqu’à la Terre où elle est mise en œuvre dans les processus d’évaporation et de création de turbulences atmosphériques qui sont à l’origine des ressources éoliennes et des ressources en vagues disponibles sur Terre. Selon lui, s’il fallait que les volumes d’énergie que nous consommons aujourd’hui soient exclusivement pourvus par des ressources éoliennes et houlomotrices, le processus naturel de conversion solaire en vents et vagues ne suffirait pas à créer les ressources consommées. Autrement dit, il faudrait plusieurs terres et plusieurs soleils pour pouvoir fournir l’énergie que nous consommons si nous voulions qu’elles soient uniquement d’origine éolienne ou houlomotrice. Ça jette un froid ! Même si ce scénario ne risque pas de s’appliquer à nos générations, Axel Kleidon projette dans le futur en prévoyant que la question se posera sérieusement pour nos petits enfants et pour leurs descendants… à condition toutefois qu’ils fassent le choix d’un tout éolien et d’un tout houlomoteur. La menace serait d’autant plus sévère qu’elle suppose que les dits descendants continueraient à consommer de l’énergie comme nous le faisons.
Dans ce scénario maximaliste, il y a plus encore : la ponction faite aux capacités de la ressource éolienne et houlomotrice pour satisfaire nos besoins serait telle qu’elle interfèrerait alors immanquablement avec la gestion naturelle des écosystèmes dans lesquels le vent et les vagues sont impliqués, ce qui ne manquerait pas d’avoir des conséquences incalculables sur l’ensemble de la gestion naturelle de la planète. Avant d’en arriver là, Axel Kleidon accumule les chiffres qui donne le tournis : 47 terrawatts seraient consommés par l’humanité et 70 terrawatts seraient nécessaires dans l’avenir (ces chiffres seront publiés sous peu dans Philosophical Transactions of the Royal Society).
Axel Kleidon charge aussi pas mal la mule, si l’expression a encore un sens, en soulignant en particulier l’imperfection des technologies éoliennes et houlomotrices qui ne savent que tirer une toute petite partie de la ressource. Et en effet, les lecteurs de ce blog le savent bien : seule une petite partie du vent disponible est saisie par les pales d’une éolienne avant d’être convertie en énergie électrique et il en va de même pour l’énergie des vagues, celles des courants marins et bien d’autres encore où la déperdition est plus importante que la quantité récupérée. Et quand bien même nous la convertirions en entier qu’elle ne suffirait pas à nos besoins, ce qui fait dire à The New Scientist :  » En d’autres termes, nous avons sur l’équilibre énergétique de la terre un effet plus important que tous les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, et les mouvements tectoniques mis ensemble « .

Mais au fait où veut en venir Axel Kleidon en démontrant ainsi l’impuissance de l’éolien à résoudre le problème énergétique du futur et les graves dangers auxquels il expose l’équilibre général de la planète ? Et bien il veut en venir à dire que « seule l’exploitation des panneaux solaires lui paraît une solution viable pour le futur « ! … tout en reconnaissant que leur exploitation à grande échelle contribuerait de façon sensible au réchauffement continu. Qu’à cela ne tienne : il apporte une solution (là où il n’y en aurait aucune pour l’éolien et houlomoteur soit dit en passant ! ) : concevoir des cellules solaires qui capturent la part inutilisée de la lumière, et lui évite ainsi de se transformer en chaleur. Bon dieu mais c’est bien sûr ! Ah oui j’oubliais : fin de la démonstration, seule l’énergie solaire est une ressource d’énergie quasi illimitée.
C’est une théorie. Il faut la prendre comme telle. Ce qui en fait l’intérêt est de démontrer qu’aucune source d’énergie naturelle n’est inépuisable et illimitée… puisque, de l’aveu même de l’auteur, même celle du soleil, ne l’est que « quasi  » !

Sources. Sites liés. Photos : 1. Carte des bosses et creux des vagues© CLS Toulouse / Exposition  » Les énergies de la mer « . 3. La formation des vagues © Exposition  » Les énergies de la mer « 2 Carte des Vents © Exposition  » Les énergies de la mer  » 4. Photo satellite du Soleil ©Soho / Exposition  » Les énergies de la mer « 


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