ABU DHABI – (Emirats Arabes Unis) – 04/02/2011- L’université Masdar Institute of Science and Technology, le géant américain The Boeing Company, la compagnie aérienne des Emirats Arabes Unis, Etihad Airways et le géant de l’électronique Honeywell ont annoncé (ICI et ICI) avoir achevé le 18 janvier 2011 l’évaluation d’un Système Intégré d’Agriculture à l’eau de mer (ISAS) capable de mener à la production de biocarburants à destination du secteur de l’aviation. Ce type de processus conduisant à la production de biocarburants à partir de cultures en milieu salé avait fait l’objet d’une présentation très complète lors du Second Symposium international sur les Biocarburants le 31 mars 2010 à Delhi (PDF téléchargeable ICI). La présentation reprenait des expériences commencées dès 1967 en Inde et poursuivies aux Etats-Unis avec l’aide d’une filiale d’Honeywell.
La publication faite par Masdar le 18 janvier dernier a pour ambition de contribuer à faire avancer les connaissances actuelles sur la viabilité du procédé ISAS pour la production de carburant pour l’aviation, de biodiesel, d’électricité et de tous types de produits issus d’une aquaculture en étangs salés qui ne compromet ni les ressources en eau douce ni les terres arables utilisées dans l’agriculture conventionnelle. La recherche comporte aussi un volet agronomique qui étudie spécifiquement les plantes les mieux adaptées à la croissance en milieu salé et notamment l’halophyte Salicornia bigelovii, organisme sur lequel des travaux ont déjà été menés par le Sustainable Bioenergy Research Center (SBRC) du Masdar Institute. L’étude s’est penchée sur les besoins à combler pour parvenir à un déploiement commercial à grande échelle.
Mais que propose au juste le procédé ISAS ?
L’ISAS est un procédé d’aquaculture en milieu salin qui combine culture de la Salicornia et sylviculture de la mangrove de façon à produire un biocarburant entièrement d’origine végétale marine, dont la matière première croît entièrement grâce à l’irrigation de l’eau de mer, sans utiliser de terre arable. Il offre la possibilité de développer une source alternative de carburant sans laisser un impact environnemental négatif pour des pays qui n’ont a priori ni terre arable à leur disposition ni eau douce. La péninsule arabe est dans ce cas mais n’est, bien etendu, pas l’unique espace désertique du monde où une telle technologie pourrait êre développée. Dans le cadre du SBRC, un programme sera mené sur cinq ans avec pour objectif la démonstration de la viabilité commerciale de la bioénergie halophyte et « mangrovienne », forme étendue de l’énergie algale.
Pour les représentants de Boeing, cette initiative constitue une alternative pour toutes les parties du monde où le sable du désert et l’eau de mer sont les deux seuls supports de culture à disposition et qui étaient jusqu’alors plutôt connus pour l’exploitation des énergies fossiles : « Aucune région du monde n’était mieux indiquée que cette région du Golfe Persique pour mener ces recherches d’avenir » a déclaré Billy Glover, Vice-President de Boeing Commercial Airplanes.
Le Dr Sgouris Sgouridis, pour Masdar Institute, a souligné : « L’emplacement unique du Masdar Institute au milieu du désert en fait un pôle unique en matière d’innovation concernant la production de biocarburants sur des terres arides. La recherche que nous allons mener pendant les cinq années à venir, nous permettra de fournir des réponses et de prouver que notre projet est réalisable et commercialisable » .
Jim Rekoske, Vice-President et Directeur général des Energies renouvelables et de la Chimie chez Honeywell, a déclaré : » Ce qui est novateur dans le projet du Masdar Insitute c’est de permettre à des régions du monde qui ne possèdent pas de terres de produire des biocarburants, en l’occurrence d’origine marine « .
James Hogan, PDG de Etihad Airways, a dit : » Nous considérons que l’utilisation des biocarburants est un enjeu futur majeur pour l’industrie des transports aériens et nous sommes fiers d’être associés à ce projet dès son origine. »
Tout aussi conscients que les questions d’économie et de développement durable seront les axes fondateurs de la future industrie des biocarburants et de son succès sur le marché de l’aviation, le SBRC et Masdar Institute ont choisi d’aborder cette ère sous l’angle de l’efficacité de production des matières premières, avec pour postulat de base que la terre est, si on peut dire, la première des matières premières.
Une manière pour les Pays du Golf et les Emirats Arabes Unis, qui doivent leurs colossales fortunes au pétrole, de ne pas perdre la main sur l’industrie des carburants futurs.
Article : Francis ROUSSEAU
Sources : Sites liés. Images 1 Schéma explicatif du système ISAS © Masdar Institute. 2. Ferme de type ISAS en Érythrée
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