EDIMBOURG – (Ecosse – Royaume Uni – U.E.) – 05/01/2010- Dans son allocution du Nouvel An le Premier ministre écossais Alex Salmond a enfoncé une fois de plus le clou du positionnement vert (ou plutôt bleu, très bleu même) de son pays en déclarant que l’Europe devait être en mesure de tirer parti de ses ressources renouvelables et que le Gouvernement Ecossais pouvait jouer le rôle de moteur de cette énergie verte dans la Communauté. Alex Salmond a insisté sur le fait que l’Ecosse avait gagné à la « loterie naturelle en termes d’énergies renouvelables » et a rappelé que « les ressources de l’Écosse en énergie éolienne en mer, en énergie des courants et en énergie houlomotrice totalisaient environ le quart de toute la ressource énergétique renouvelable en Europe ». Selon Mr Salmond, cela équivaudrait à « peut-être la capacité de produire jusqu’à plus que 10 fois nos propres besoins en électricité ; et dans ce cas soyez assurez que nous sommes prêts à devenir le principal exportateur d’électricité bleu de la Communauté Européenne, la centrale d’énergie propre du continent. » Le Premier ministre écossais célèbre pour ses formules-chocs, (il est notamment l’auteur du célèbre : » Le Royaume-Uni sera l’Arabie Saoudite des énergies propres ») ne se contente pas de belles déclarations et a aussi la réputation, contrairement à d’autres, de joindre les actes aux paroles. Le centre européen des énergies marines, l’ EMEC, mis en place dans les Orkneys Islands en est la meilleure preuve. Il ne se passe pas de mois sans qu’un nouvel évènement ne vienne illustrer concrètement l’ambition de l’Ecosse dans ce domaine, de la mise sous tension de la technologie de production d’électricité par récupération d’énergie des vagues OYSTER (cf. notre article du 17/02/2009 ICI) au projet AEGIR le plus important d’Europe (cf. notre article du 28 décembre 2009 ICI). Dans la même veine, le ministre a rappelé que le gouvernement écossais avait approuvé pas moins de 26 projets d’énergie renouvelable depuis son entrée en fonctions il y a deux ans – soit presque un par mois – mais que la législation inadaptée du pays avait empêché d’en tirer tout le bénéfice. Aussi a-t-il annoncé qu’un référendum sur la Constitution était nécessaire pour réglementer l’accès au réseau électrique sur les mêmes bases tarifaires qu’en Angleterre et au Pays de Galles. « A l’heure actuelle, nous sommes encore empêchés d’exploiter pleinement notre potentiel en énergies renouvelables à cause du fait que l’Ecosse paie plus cher que toutes les autres provinces du Royaume-Uni son raccordement au réseau national. C’est totalement injuste et totalement inacceptable. Si nous voulons tirer le meilleur parti de cette révolution renouvelable, il faut que notre accès au réseau national soit égal à celui des autres provinces. Il faut que notre Parlement garantisse par une loi un accès approprié. » Dans son discours que l’on peut qualifier de très volontariste comme à l’habitude, Mr. Salmond a aussi prédit une « révolution des énergies renouvelables » en Écosse au cours des quarante prochaines années et en particulier dans le domaine des énergies marines. « Ce n’est pas de la science fiction, a-t-il précisé, ce n’est pas quelque chose qui va se passer quelque part dans un avenir lointain, c’est quelque chose qui est en train de se passer maintenant sous nos yeux. » Et pour mieux illustrer ce propos il a abordé la question du réchauffement climatique et en a profité pour rappeler que, contrairement à tous les autres membres de la communauté Européenne, l’Écosse s’était d’ores et déjà fixé des objectifs chiffrés et juridiquement contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En Ecosse ces objectifs sont de 42% d’ici 2020 et de 80% d’ici 2050 !!! Des chiffres historiques et uniques en Europe qui, assortis d’une législation contraignante qui force à leur application donc (j’insiste lourdement sur ce fait), montrent la volonté farouche de l’Écosse de se placer en tête du pari des renouvelables. Le ministre a rappelé que la législation contraignante adoptée a été la plus importante que le Parlement écossais ait adoptée au cours de la législature 2009. Et de conclure : « En dépit de la déception de Copenhague, c’est le pouvoir de la communauté internationale qui va forcer les dirigeants politiques à s’engager dans des objectifs ambitieux et contraignants pour leur pays. L’Ecosse les a déjà fixés ». Grandiose, Alex Salmond ! On en recommanderait presque le port du kilt à tous les ministres de la Communauté européenne… ou la pratique intensive du rugby… ou les deux !
Vous pouvez retrouver sur You Tube la vidéo du discours (5mn 20) de Nouvel An du Premier ministre écossais ICI
Article : Francis ROUSSEAU
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