BORDEAUX- (France – U.E.) –  07/12/2009 – energiesdelamer.eu – C’est Alain Juppé, au cours d’un direct de Bordeaux sur RMC le 10 juin 2009, qui a porté à la connaissance du grand public ce projet  d’hydroliennes dont les experts  avaient déjà entendu parler depuis quelques mois. Le maire de Bordeaux déclarait alors :  » Bordeaux veut devenir un modèle de métropole durable. On entend parler uniquement des Anglais qui ne cessent d’innover en la matière. Nous, ici, on veut travailler avec les compétences régionales tout en valorisant une forte identité de notre territoire, la Garonne. C’est très stimulant. On parle ainsi d’un projet d’hydroliennes dans la Garonne. C’est un projet très innovant. Nous avons un responsable formidable dans ce domaine qui s’appelle Marc Lafosse qui croit beaucoup aux hydroliennes, mais c’est encore en phase expérimentale. On utiliserait les courants. Le fleuve de la Garonne a des courants très puissants ».  Ce projet d’hydroliennes dans la Garonne n’est pas sans rappeler, bien entendu, celui des hydroliennes testées par la ville de New York depuis maintenant quelques années dans l’Hudson River, dont j’ai déjà parlé ICI.

 

 

 

Trois mois plus tard, le 4 septembre 2009, à l’occasion de la visite bordelaise de la secrétaire d’état à l’Ecologie  Chantal Jouanno, dans le cadre du  tour de France du « Grenelle de l’environnement », Bordeaux dépose officiellement sa candidature. Le projet SEENEOH (Site Expérimental Estuarien National pour l’Essai et l’Optimisation d’Hydrolienne) porté par l’entreprise bordelaise Énergie de la Lune et soutenu par le rapport d’étape de l’IPANEMA (Initiative PArtenariale Nationale pour l’EMergence des Energies MArines) est alors transmis à la sécrétaire d’Etat par le maire de Bordeaux en ces termes : « Nous sommes candidats pour ce projet d’ampleur nationale ». Cette candidature est assortie d’une demande de €2 millions dans le cadre du soutien aux projets d’énergie marine. Précision que m’a apportée Marc Lafosse ce matin  : « Nous n’avons pas candidaté à l’AMI de l’ADEME, car ce dernier à pour objet de soutenir le développement de démonstrateurs (via un industriel). Il n’intervient donc pas pour un « site d’essais » ». Rien n’interdit d’espérer cependant que le nouveau pilote expérimental en EnRM, IFREMER, désigné par le chef de l’Etat au mois de juillet dernier et confirmé par François Fillon sur son blog la semaine dernière, sélectionne le projet SEENEOH au titre de site d’essais « estuaire » hydrolien.
Dès 2007, deux amis bordelais, Marc Lafosse et Jérôme Cougoul,  tous deux titulaires d’un DEA d’océanographie  à Bordeaux 1 créent une société à l’intitulé poétique et évocateur « Energie de la lune » inspiré du nom même du Port de Bordeaux: le Port de La Lune. Ils expliquent alors  : « Nous voulons installer une ferme hydrolienne autour du Pont de pierre de Bordeaux pour produire de l’énergie verte ».  Les deux jeunes entrepreneurs qui travaillent sur le projet depuis déjà un an ne s’aventurent pas en eaux troubles. Ils connaissent la production exacte qu’une ferme hydrolienne pourrait fournir. S’ils veulent installer des hydroliennes au niveau du pont, ce n’est pas un hasard : « Avant le pont, la Garonne est, en moyenne, profonde de 17 mètres et large de 500 mètres. Au niveau du pont et cela en moins de 20 mètres, la profondeur maximale passe à 7 mètres alors que le fleuve va passer sous les 15 arches. Le courant est alors beaucoup plus fort. On passe de 2 mètres par seconde à 3,5 mètres voir 3, 80, 3,90 par gros coefficient en marée montante ». Grâce à un courantomètre installé par le Port autonome de Bordeaux sous la pile du pont où passent les barges de l’Airbus A 380, des projections sont réalisées qui laissent espérer « une production minimale de 4,8 gigawatts-heure, soit pas moins de 20% de l’énergie nécessaire à l’éclairage public de Bordeaux ».

 

L’idée de faire du Pont de pierre un site expérimental commence à faire son chemin avec l’installation de démonstrateurs hydroliens qui pourraient être placés entre les piles, là où la navigation est interdite. « Ce serait une première mondiale : l’installation d’hydroliennes dans un estuaire » commente  Marc Lafosse, sur le site web d’Energie de la lune. « Les hydroliennes, qui utilisent la force du courant, pourraient être les générateurs d’électricité de demain et le Pont de pierre, le premier site expérimental sur fleuve. L’idée, ce serait donc d’héberger à moins de 9 m sous les arches du Pont de pierre, entre six mois et un an, des démonstrateurs prototypes d’hydroliennes pour permettre aux industriels de les tester. Doté d’une puissance de 100 kilowatts, chaque démonstrateur fournirait de l’électricité revendue à EDF, mais surtout il nous permettrait de réaliser des études sur leurs performances et les éventuels impacts sur l’environnement. C’est une étape nécessaire pour décider les investisseurs à miser sur cette technologie » explique encore Marc Lafosse.

 

Le jeune directeur général de Energie de la Lune ne cache pas que pour aboutir, la société devra aussi franchir plusieurs étapes administratives. Installer des hydroliennes au fond de l’eau, suppose l’accord du Domaine public maritime, et des mises en règle avec la Loi sur l’eau, Natura 2000, et la loi liée à la protection de la faune.  « Si cela marche comme nous le voulons, nous pourrions installer la première hydrolienne expérimentale fin 2010. En 2011 au plus tard « .
Voilà du rapide et du concret.

Article  : Francis ROUSSEAU

Docs  : sites liés.  Illustration  : 1.Vue d’artiste des hydroliennes sous le pont de pierre ©energies de la lune  2. Dossier SEENOH ©Energies de la Lune 3. Le pont de pierre à Bordeaux

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