EDIMBOURG (Royaume-Uni – U.E.) – 10/07/2009 – 3B Conseils – Les partisans du stockage du CO2 dans ou sous l’océan ne désarment pas. Malgré l’opposition réitérée de la plupart des ONG environnementales, ils reviennent régulièrement à la charge avec un nouvelle proprosition. Cette fois, c’est sous l’océan qu’il s’agit de stocker. Et c’est l’équivalent d’une centaine d’années d’émissions de CO2 du secteur industriel britannique qui pourrait être stocké dans des aquifères salins en mer du Nord. C’est ce que révèle un article paru dans Engineer et une étude intitulée « Oportunities for CO2 Storage around Scotland » (PDF ICI) menée par le gouvernement écossais en collaboration avec le Scottish Centre for Carbon Storage – Centre écossais du stockage carbone) et d’autres partenaires industriels. Cette étude relayée par un B.E. de l’Ambassade de France au Royaume-Uni révèle ainsi que ce sont environ 46.000 millions de tonnes de CO2 issu du secteur industriel (y compris la production d’électricité) qui pourraient être stockées dans ces véritables mers souterraines que sont les aquifères. Pour mémoire je rappellerai qu’un des plus grands aquifères de la planète est l’aquifère Guarani situé sous le bassin du Paraná-Plata en Amérique du Sud qui s’étend sur une superficie 3 fois supérieure à celle de la France entière ! (cf. illustration)
Quelle aubaine donc que ces immenses étendues enfouies et vierges pour ceux qui veulent absolument truffer encore un peu plus notre planète de déchets qu’elle ne l’est déjà ! Déchets déchets tout n’est que déchets direz-vous… Certes, mais les aquifères sont des réservoirs d’eau potable souterrains constituant une réserve non négligeable pour l’humanité et de ce fait difficilement utilisables en tant que sites de stockage de quoi que ce soit, mais… justement ce qui différencie les aquifères salins des aquifères ordinaires si je peux dire, c’est le fait que les aquifères salins – situés généralement à une profondeur supérieure à 800m- contiennent une eau très saline, totalement impropre à la consommation. Vraiment quelle aubaine donc ! Car ces aquifères salins tout comme les autres peuvent avoir des superficies de plusieurs milliers de km2 et ceci sous la surface de la terre aussi bien que sous le plancher océanique lui-même.
Ainsi l’équipe qui a mené cette étude a-t-elle passé en revue puis sélectionné 10 aquifères salins et 29 champs d’hydrocarbures situés sous la mer du Nord. Sachant que la capacité de stockage de 10 aquifères varie entre 4600 à 46.000 millions de tonnes, cela permettrait non seulement de stocker le CO2 du reste du Royaume-Uni mais également celui de l’Europe entière. Pour arriver à de telles conclusions, le SCCS et ses partenaires ont dans un premier temps évalué les niveaux d’émissions de CO2 en Ecosse et au Nord de l’Angleterre sur une période allant de 2008 à 2040. Ils ont ensuite déterminé le volume de CO2 qu’il serait possible de capturer.
Mais il y a encore plus fort pour se donner bonne conscience : cette étude indique que l’injection de CO2 dans les réservoirs naturels d’hydrocarbures proches des aquifères serait une méthode efficace de « récupération assistée » du pétrole. Cette technique utilisée par l’industrie pétrolière depuis déjà une quarantaine d’années, parait-il, pourrait permettre à la fois d’augmenter notablement la récupération du pétrole, mais aussi de stocker définitivement du CO2 dans les formations géologiques. D’une pierre deux coups en quelque sorte ! Dans le cadre des plans actuels de la Commission Européenne, 12 projets de démonstration à grande échelle, qui appliquent la technologie de capture et de stockage de CO2 principalement à des centrales électriques fonctionnant au charbon, seront lancés d’ici 2015. Reste à savoir le coût de telles manipulations sur l’environnement ? L’étude ne pipe mot sur le sujet.
Article : Francis ROUSSEAU
Docs : sites liés. Cartes et illustrations : 1 Aquifères salins en mer du Nord © Scotland Gouv ; 2. Carte de l’aquifère Guarani. 3. Schéma de forage dans les aquifères.
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