FORT COLLINS ( Colorado) – 17/11/2008 – Blog Les énergies de la mer – 3B Conseils – Le tapage médiatique fait autour de la possibilité de Solix Biofuels de produire rapidement un biocarburant algal commercial a eu des retombées inattendues pour la Colorado State University. Parmi celles-ci l’intérêt de certains investisseurs atypiques comme l’opérateur du plus grand raffineur pétrolier des Etats Unis (Valero Energy) ou Southern Ute Alternative Energy, l’organe d’investissement dans les énergies propres de la tribu amérindienne Ute. Grâce à eux et aussi au londonien I2BF Venture Capital, à Bohemian Investments Corp et à Infield Capital, ce sont 10,5 millions de dollars qui ont pu être levés – avec un engagement supplémentaire de 5 millions de dollars à venir. Solix biocarburants et Southern Ute Alternative Energy construiront conjointement une usine pilote sur une emprise de 4 hectares appartenant à la réserve des indiens Ute, dans le but de produire des biocarburants algaux et des matières premières issues des algues pour l’industrie chimique. L’achèvement de la première tranche de travaux est prévu dans un délai de 12 à 18 mois et réservera 1,6 ha aux photo-bioréacteurs algaux et un peu plus de 4000 mètres carrés aux bâtiments hébergeants les laboratoires. Solix construira une autre tranche de 2 ha, quand la société sera en mesure de passer à l’échelle commerciale.
Je rappellerai que la technologie employée par Solix pour produire des algues est de type photo-bioréacteurs clos (souvent de simples citernes), au contraire des cultures dans des étangs à ciel ouvert employées par d’autres compagnies. Cette technologie en containers clos offre le double avantage de pouvoir rester totalement sous contrôle quant à l’impact environnemental et surtout de pouvoir être implantée (ou déplacée) dans n’importe quel lieu. La culture des algues dans des étangs à ciel ouvert possède l’avantage d’être moins onéreuse mais l’inconvénient d’être sensible aux contaminations biologiques externes et aux conditions climatiques. Solix a aujourd’hui tout loisir pour mesurer le chemin parcouru depuis ce jour de 1978 où ses fondateurs ont commencé leurs recherches dans le cadre du programme Aquatic Species de l’US Department of Energy. Il aura fallu près de 30 ans avant que Bryan Willson, professeur à la Colorado State University (CSU) de Fort Collins ne fonde la société Solix en 2006. Solix dit aujourd’hui parfaitement maîtriser ses bioréacteurs intelligents, qui par leur faculté à se régler automatiquement en fonction des conditions d’ensoleillement et de température, sont capables de produire une quantité de biocarburant algal comparativement 5 fois supérieure à celle produite par hectare et par an par l’éthanol de maïs ou de soja. Sans compter que Solix se propose d’utiliser pour la fertilisation des algues les émissions carbonées des centrales électriques et des usines. Les promesses fabuleuses engendrées par les technologies de conversions des algues en biocarburants et le fait que leur production peut recycler une grande quantité de CO2 ont beaucoup attiré les investisseurs tout au long de l’année 2008. Au cours du seul deuxième trimestre de cette année, un record a été atteint, avec 84 millions de dollars investis dans les start-up algales, (ce chiffre comprend les 50 millions de dollars levés par Sapphire Energy (cf. nos archives). Mais la grande inconnue reste pour l’instant toujours celle du coût de commercialisation de ce biocarburant algal. Parviendra-t-il à rester concurrentiel avec des hydrocarbures dont les cours sont historiquement au plus bas ?
Article : Francis ROUSSEAU
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