MARSEILLE (France) 24/10/2008 – 3B Conseils – Ce sont toujours les mêmes équipementiers marins qui ont la vedette, pourtant les diverses manifestations internationales consacrées cet automne-ci aux énergies de la mer (dont Biomarine qui s’achève aujourd’hui à Marseille) permettent de constater qu’il existe une multitude de start-up travaillant sur les engins récupérateurs d’énergie marine. Certaines ont déjà obtenu des agréments des autorités pour des expérimentations de leur prototype en grandeur réelle. J’en présente aujourd’hui trois parmi une bonne quinzaine en vous invitant à aller consulter le détail de leurs caractéristiques techniques sur leur site, généralement lié.

FREE FLOW POWER
Free Flow Power est une entreprise du Massachusetts qui s’est rendue célèbre avec un projet à 3 milliards de dollars consistant à immerger des milliers de petites turbines dans la rivière Mississippi sur un parcours compris entre Saint-Louis et le delta du fleuve à la Nouvelle-Orléans – dans le but de générer plus d’un gigawatt d’électricité. FFP a obtenu de son autorité de tutelle américaine, la Federal Energy Regulatory Commission (FERC), la permission de démarrer un essai préliminaire de 3 ans sur 59 sites du Mississippi entre St Louis et le delta. FFP a aussi pour projet d’installer ses turbines dans la rivière Ohio et en particulier dans le Daviess County, zone industrielle très gourmande en énergie. Les rotors des turbines en aluminium, de Free Flow Power existent en deux versions : l mètre et 2 mètres de diamètre, chacune générant 10kW. Le prototype a déjà été testé en Février 2008 à Malta (Etat de New York) puis dans les laboratoires Adlen en Mars 2008 où il a passé toutes les épreuves qui l’ont rendu apte à une utilisation aussi bien dans les cours d’eau qu’en environnement marin. Les turbines hydroliennes FFP peuvent aussi bien être fixées sur les piles d’un pont dans le cas d’une exploitation en cours d’eau ou directement sur le plancher océanique grâce à un mat indépendant. L’entretien des turbines se fait par enlèvement périodique de l’ensemble de la structure à l’aide d’une drague équipée à cet effet.

WAVEROLLER
WaveRoller est, comme son nom ne l’indique pas, un récupérateur d’électricité finlandais qui fonctionne avec l’énergie des courants et aussi celle des vagues, à des profondeurs peu importantes ! C’est en 1993 que son inventeur, le plongeur professionnel Rauno Koivusaari, en a découvert le principe pendant une de ses plongées dans la mer Baltique. Il observa alors le courant marin qui jouait avec une porte de cabine de navire échoué sur le fond. La force du courant qui parvenait à plaquer et à soulever cette porte métallique très volumineuse et les mouvements qu’il lui imprimait, inspirèrent le plongeur pour transformer cette énergie en courant électrique. Le prototype du WaveRoller ressemble effectivement beaucoup à une grosse porte ballottée au gré des courants. Une grosse porte qui a déjà commencé à produire de l’électricité au large du Portugal en juillet 2008 avec un premier prototype relié au réseau. Le second prototype mis en test en Avril 2008 laisse espérer pour 2009 une extraction possible de 1 MW. Une exploitation en ferme de plusieurs WaveRoller reliés au réseau est envisageable. Plusieurs exemplaires ont d’ailleurs déjà été construits. Ce système ressemble beaucoup à celui de l’australien BioPower qui s’inspire des mouvements de nageoires de cétacés.

HYDROVOLTS
Le système Hydrovolts qui tire de l’énergie électrique de toute source hydraulique (eau douce et eau de mer) a été inventé en 2006 à Seattle (Etats-Unis). L’équipementier qui le fabrique travaille sur plusieurs systèmes de turbines capables de générer du courant électrique dans tout environnement liquide qu’il soit salé ou non. Mais la spécificité de ce système est de vouloir combiner énergie éolienne et énergie hydrolienne et… autres énergies d’origine hydraulique. Le but est de parvenir à fournir 15000 megawatts (oui 15000 !) d’énergie d’origine renouvelable marine dans le cadre de l’ambitieux projet Gray Harbor (ICI) sur lequel je reviendrai un de ces prochains jours. Le projet Gray Harbor prévoit en effet de faire appel (cf. illustration) à l’éolien offshore, à l’énergie des vagues (avec Pelamis) et… à l’énergie des courants avec des hydroliennes de diverses formes et capacités pour produire sur des plates-formes en mer non pas de l’électricité mais de l’hydrogène ! Lequel serait ensuite transporté par barge à terre pour y être transformé en électricité. A première vue, c’est barge effectivement ! et on se dit qu’à défaut de faire exploser le tanker en route, voilà un hydrogène d’origine marine qui risque fort de faire exploser les coûts de l’électricité à terre ! A y regarder de plus près, ce n’est pas si sûr. Il faudrait supposer que le prix des matières premières servant à fabriquer les câbles sous marins qui transportent l’ électricité produite en mer jusqu’à terre, devienne concurrentiel avec celui du transport de l’hydrogène… et cela pourrait fort bien se produire plus tôt que prévu quand on observe les cours du cuivre sur le marché…
Article : Francis ROUSSEAU
Docs de références : sites liés. Photos 1.©Hydrovolts ; 2© Free Flow Power ; 3.©WaveRoller ; 4. Gray Harbor Project©Hydrovolts. Cliquez sur les images pour les agrandir.


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